Selon la décision n°002/PDG/SE/CPD du 1er août, la Commission permanente de discipline du Parti démocratique gabonais a infligé au terme d’auditions tenues du 7 au 9 juillet, des sanctions aux « camarades » opposés à la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon. Cette loi était soutenue par les plus hautes instances du parti présidentiel dont le président Ali Bongo Ondimba.
Dans sa décision, le Parti démocratique gabonais (PDG) explique ces sanctions par le fait que « les camarades mis en cause ont reconnu avoir exprimé un vote dissident, attitude située aux antipodes des principes basiques du fonctionnement de notre formation politique et du style de travail édicté par le secrétariat exécutif ». La commission de discipline a relevé que ces parlementaires dissidents ont fait preuve « d’un management approximatif du processus ayant conduit au vote, d’une absence de concertation au sein du groupe parlementaire PDG à l’Assemblée nationale et d’une méconnaissance des réelles modifications apportées au Code pénal ». Tous les sénateurs et députés qui n’ont pas voté ou se sont abstenus lors de l’adoption de la loi qui dépénalise l’homosexualité dans le pays ont été sanctionnés. Jamais le PDG, au pouvoir depuis 52 ans, n’a été aussi sévère contre ses principaux ténors.
Le parti de Ali Bongo Ondimba ne peut tolérer la contradiction et l’indiscipline, surtout quand elles proviennent de ses rangs. C’est le sens à donner à la pluie de sanctions prises samedi dernier contre les 25 parlementaires du parti pouvoir qui ont osé avoir une voix dissidente à la position du parti sur la dépénalisation de l’homosexualité qui continue de défrayer la chronique. Sur la liste des poids lourds sanctionnés, on compte l’actuel vice-président du Sénat, Léonard Andjembé, pourtant considéré comme l’un des gardiens du temple et qui occupe ce poste depuis une dizaine d’années. Julien Nkoghe Bekale, Premier ministre au moment du vote du 25 juin, principal défenseur de la cause homosexuelle au Gabon, est sanctionné pour n’avoir pas organisé des concertations des groupes parlementaires du parti à l’Assemblée nationale et au Sénat. Il écope d’une « mise en demeure », au même titre que Martin Mabala et de Raphaël Mangouala. D’autres parlementaires dont la fille aînée d’Ali Bongo, Malika, et Idriss Ngari, un autre cacique de l’époque d’Omar Bongo, écopent eux d’un « avertissement avec inscription au dossier ». David Ella Mintsa, porte-parole du parti est également sanctionné, tout comme l’actuel ministre des Affaires étrangères, Pacôme Moubelet Boubeya. A l’Assemblée nationale, 48 députés ont voté pour la dépénalisation, 24 contre, et 25 se sont abstenus. Les rapports entre personnes du même sexe ne sont plus passibles de 6 mois de prison maximum et d’une amende de 5 millions de F.