Emmanuel Macron a dépêché au Gabon son secrétaire d’État auprès du ministre français de l’Europe et des affaires étrangères. Jean-Baptiste Lemoyne est ainsi devenu le premier membre du gouvernement français à fouler le sol gabonais depuis la réélection contestée d’Ali Bongo en 2017.
Il Est à noter que plusieurs sujets étaient à l’ordre du jour. Tout d’abord l’économie. Jean-Baptiste Lemoyne a démarré sa journée par un tête-à-tête avec le président Ali Bongo à qui il a remis un message d’Emmanuel Macron. Le président français invite son homologue gabonais au sommet France/Afrique prévu en juin prochain à Bordeaux. Il s’agira de la grande rencontre des acteurs internationaux du monde en France sur les questions de developpement durable surtout et les politiques urbaines.
Ensuite, le ministre français s’est rendu au Parlement où il a rencontré des députés de la majorité et de l’opposition. Comme Davin Akouré, président de l’unique groupe parlementaire de l’opposition, l’Alliance pour le nouveau Gabon (ANG), qui pense d’ailleurs que Paris peut contribuer à la décrispation du climat politique gabonais.
Le ministre gabonais des Affaires étrangères, Alain Claude Bilie By Nze, quoique ravi de cette première visite d’un ministre français depuis la réélection d’Ali Bongo, relativise : « Le pouvoir n’était pas en quête de l’arrivée d’un ministre français au Gabon. Nous sommes de vieux partenaires, nous avons une relation qui est ancienne. Mais il est vrai que la France a une place particulière au Gabon. » Après Jean-Baptiste Lemoyne, c’est Bruno Lemaire, ministre français de l’Économie et des finances qui se rendra à Libreville en avril 2020.
Depuis l’été 2016, les relations entre la France et le Gabon sont de plus en plus crispées. Elles illustrent la fin de la Françafrique et le début des conséquences de la mondialisation des échanges.
Rappel des faits
Sur un plan politique, la réélection, en août 2016, d’Ali Bongo Ondimba, a engendré une crise post-électorale qui continue de créer une situation conflictuelle dans le pays et de polluer les relations internationales du Gabon, notamment avec l’Union européenne. Le soutien sans faille de l’Union africaine au président gabonais et, a contrario, un désaveu cinglant apporté à Jean Ping, pourtant un des prédécesseurs de Moussa Faki Mahamat, n’est pas suffisant pour redorer l’image d’un Ali Bongo Ondimba qui, à l’instar de ses collègues des Etats de la Cemac, a résolument emprunté une voie qui pourrait le mener dans une impasse politique.
Toutefois, Paris, allié économique
Avec une part de marché de 26 %, la France est le premier fournisseur du Gabon, devant la Belgique et la Chine. Les importations françaises concernent le secteur des hydrocarbures (55 % des importations) mais également la filière du bois et le manganèse. On compte 110 entreprises françaises au Gabon, qui génèrent quelque 14 000 emplois et réalisent un chiffre d’affaires évalué à 3,23 Mds €.L’AFD intervient au Gabon, sous forme de prêts souverains (financement d’infrastructures et de projets sociaux), et par un prêt de soutien budgétaire (225 M € sur la période 2017-2020).