Dans cette affaire, le juge a suivi toutes les réquisitions du ministère public : cinq ans d’emprisonnement et cinq millions de F d’amende, soit la peine maximale. Français né de parents français, Brice Laccruche Alihanga, né Fargeon, est devenu Gabonais à l’âge de 4 ans sans qu’on lui demande son avis, la naturalisation de sa mère entraînant mécaniquement celle de son fils. Après la séparation de ses parents, il aura toutefois tenu à se gaboniser un peu plus, à l’âge de 24 ans, en transformant administrativement son père adoptif, Louis Laccruche Alihanga, nouveau compagnon de sa mère au Gabon, en père légal, récupérant au passage son nom de famille. Si la première naturalisation par sa mère, relevant de l’article 9 du code de nationalité gabonaise, ne pose pas de problème : «L’attribution ou l’acquisition s’étend de plein droit aux enfants mineurs », c’est cette seconde naturalisation qui est remise en cause.
Face aux preuves matérielles et aux nombreux témoignages, dont celui de son beau-père, M. Alihanga, qui a confirmé, lors de l’enquête, qu’il n’était pas son père biologique, celui-ci étant M. Fargeon, un citoyen français, la défense a été contrainte de changer son fusil d’épaule. En plaidant coupable pour « faux et usage de faux », Brice Laccruche Alihanga (BLA) espérait la mansuétude des juges. Nommé directeur du cabinet du président de la République 2017, le franco-gabonais de 41 ans, était devenu le véritable homme fort du pouvoir après l’accident vasculaire cérébral du président Ali Bongo en octobre 2018.
En théorie, l’ex-directeur de cabinet, en prison depuis décembre 2019, pourrait en sortir fin 2025. Mais en théorie seulement. BLA est poursuivi, en parallèle, dans le cadre de l’opération anti-corruption, qui explique son placement en détention provisoire depuis décembre 2019, sur la base de nombreux chefs d’inculpation. Il lui est notamment reprocher d’avoir organisé un vaste système de « détournement de fonds publics » dont le montant s’élèverait à plusieurs dizaines de milliards de F. Dans cette procédure, il pourrait se voir infliger jusqu’à 30 ans de prison ferme.