La journaliste allemande de 37 ans affirme que l’ancien chef de l’Etat, de 1974 à 1981, lui a posé la main sur les fesses lors d’une interview en 2018.
Dans sa plainte adressée au parquet de Paris, le 10 mars 2020, la jeune dame relate des faits qui remontent au 18 décembre 2018. Ce jour-là, Madame Stracke avait rendez-vous avec M. Giscard d’Estaing dans son bureau du boulevard Saint-Germain à Paris. Objet de la rencontre : une interview pour la chaîne publique allemande WDR, à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de l’ancien chancelier fédéral, Helmut Schmidt (1918-2015), au pouvoir quand Valéry Giscard d’Estaing était à l’Elysée.
A la conclusion de l’entretien télévisé, la journaliste invita son hôte à poser pour une pour une photographie avec elle, son caméraman et sa preneuse de son. Volonté à laquelle l’ancien locataire de l’Elysée se plia. Mais la suite des évènements rompt totalement avec tout ce que la jeune dame pouvait imaginer, et révèle une caricature de l’ancien président.
Un récit choquant
Durant les prises de vues, elle avoue que l’ancien président l’a entourée de son bras, lui a touché la taille et posé la main sur une fesse. « Très surprise et désapprouvant ces atteintes qui m’ont mise extrêmement mal à l’aise, j’ai tenté de repousser la main de M. Giscard d’Estaing, sans toutefois y parvenir », confie la journaliste.
Agé de 92 ans, au moment des faits, Giscard d’Estaing lui aurait ensuite proposé de regarder des photographies affichées sur le mur de son bureau et il a, à nouveau, mis sa main sur les fesses de la journaliste. Un geste qu’elle a vigoureusement repoussé. La scène a été interrompue par une diversion opérée par le cameraman. Prenant congé d’eux, Giscard d’Estaing lui aurait chuchoté « faites de beaux rêves», à l’oreille.
La réaction musclée de la WDR
Mise au courant par la journaliste, la WDR a envoyé le 23 mai 2019 une lettre à Valéry Giscard d’Estaing. Un courrier dans lequel on pouvait lire « Madame Stracke a été extrêmement choquée par vos agissements. Nous ne saurions tolérer que nos collaborateurs soient confrontés à de telles situations et espérons donc vivement qu’un tel comportement ne se répétera envers aucun d’entre eux à l’avenir ».
Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
Si Ann-Kathrin Stracke a attendu plusieurs années avant de témoigner, c’est d’abord pour une raison administrative. « Dans un premier temps, je n’ai pas pensé porter plainte, d’autant que je n’avais aucune idée de la façon dont fonctionne la justice française », a-t-elle expliqué, avant de mentionner le mouvement #MeToo. « Ce mouvement m’a montré à quel point il est important de débattre de ces sujets dans la société ».
Selon le directeur de cabinet de Valéry Giscard d’Estaing, Olivier Revol, l’ex-chef d’État aujourd’hui âgé de 94 ans, ne garde « aucun souvenir de sa rencontre » avec Ann-Kathrin Stracke. « Si ce qui lui est reproché était vrai, il en serait bien sûr navré, mais il ne se souvient de rien », a-t-il précisé. La plainte pour agression sexuelle contre Valéry Giscard d’Estaing, n’a pas encore révéler tous ses secrets.