« A plusieurs reprises, les autorités centrafricaines ont pris des engagements qu’elles n’ont pas tenus, tant sur le plan politique envers l’opposition que sur le comportement vis-à-vis de la France, qui est la cible d’une campagne de désinformation massive en Centrafrique », a affirmé le ministère français des Armées, le 7 juin. Conséquences de ce regain de tension, la France a suspendu sa coopération militaire avec la Centrafrique. Fin avril, les cinq coopérants militaires français qui étaient en poste au ministère centrafricain de la Défense ont été rappelés à Paris. Les entraînements militaires prodigués aux Forces armées centrafricaines (FACA) par des troupes stationnées au Gabon ont été interrompus, a précisé le ministère français des Armées.
Par ailleurs, évaluée à de 10 millions d’euros, l’aide budgétaire française est « suspendue jusqu’à nouvel ordre », a précisé de son côté le ministère français des Affaires étrangères. Toutefois, Paris maintient des projets bénéficiant directement à la population centrafricaine ainsi que son aide humanitaire, soit environ 6 millions d’euros. Le 24 février 2021, lors d’une réunion du conseil de sécurité de l’ONU, la France a appelé toutes les parties à respecter leurs obligations en Centrafrique au titre du droit international humanitaire.
« Les Russes n’y sont pas pour rien, mais les Centrafricains sont au mieux complices de cette campagne », estime le ministère français des Armées. Fin mai, Emmanuel Macron, le président français avait déjà accusé Faustin-Archange Touadéra, son homologue centrafricain, d’être l’otage du groupe russe Wagner, une société militaire privée sans existence légale et dont des éléments combattraient aux côtés des FACA. Le torchon qui brûle entre Paris et Bangui n’a pas consumé la mission européenne EUTM-RCA, qui en mobilise près de 200 militaires pour former les FACA. L’ancienne puissance coloniale continue d’y contribuer à hauteur d’une centaine de militaires. Sont également maintenus la dizaine de militaires participant à la mission de maintien de la paix de l’ONU en Centrafrique (Minusca) qui dispose de 12 000 casques bleus.
La rupture n’est pas totalement consommée entre les deux capitales. Si la France n’a pas arrêté l’ensemble de sa coopération avec la Centrafrique, Paris attend que Bangui fasse un premier pas. L’on a récemment noté des pas positifs au sujet du dialogue politique. Sylvie Baïpo-Temon, la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, a récemment déclaré que « la République française est un partenaire privilégié de la Centrafrique ».