Le parlement finlandais a approuvé la nomination, le 10 décembre 2019, de cette dame qui s’adjuge de facto le record de plus jeune Premier ministre au monde.
Avec 99 voix pour, 70 contre et 30 abstentions, les parlementaires finlandais ont approuvé la nomination de Sanna Marin à la tête du gouvernement. Elle succède au social-démocrate Antti Rinne qui avait annoncé sa démission du poste de Premier ministre le 3 décembre, après 6 mois seulement à la tête du gouvernement, sous la menace d’un vote de défiance au Parlement. « Nous voulons construire une société qui soit socialement, économiquement et écologiquement durable. Nous voulons renforcer l’égalité, l’éducation et les compétences. Nous voulons que la Finlande soit un pays où chaque enfant puisse devenir ce qu’il veut et où tout le monde puisse vivre et vieillir en toute sécurité et avec bonheur. Nous allons être actifs dans l’Union européenne et dans le monde », a déclaré la jeune femme après son investiture. Le premier pari gagné par la Première ministre est la prédominance de la gent féminine au sein de l’équipe gouvernementale, dans laquelle se hissent douze femmes et sept hommes. La Finlande est en pointe sur la parité et a accordé le droit de vote aux femmes depuis 1906. La nouvelle équipe gouvernementale hérite d’un contexte social loin d’être apaisé.
Les tensions sociales
La nouvelle Première ministre mesure l’ampleur de la tâche et ne voudrait pas se limiter aux considérations liées à son âge. « Je n’ai jamais pensé à mon âge ou à mon genre, je pense aux raisons pour lesquelles je me suis engagée en politique et ces choses grâce auxquelles nous avons gagné la confiance de l’électorat », a-t-elle déclaré à la presse. « Nous avons beaucoup de travail à faire pour rétablir la confiance », a-t-elle martelé.
Son prédécesseur Antti Rinne a dû démissionner la semaine dernière après plusieurs semaines de crise politique liée à un projet de baisse des salaires de 700 employés de la Poste finlandaise, dont l’Etat est actionnaire. La Poste a finalement retiré son projet en novembre après des grèves très suivies, y compris dans d’autres secteurs économiques « solidaires » du mouvement, par exemple au sein de la compagnie aérienne Finnair. Le gouvernement, lui, s’est emmêlé les pinceaux lorsque les syndicats ont cherché à savoir s’il avait approuvé, ou non, les baisses des salaires. L’importante grève débutée lundi 9 décembre pourrait paralyser le pays à l’approche des fêtes de fin d’année. Des appels à cesser le travail ont été lancés dans les secteurs de la chimie, du bois et du pétrole, alors que syndicats et direction ne parviennent pas à conclure un accord sur les conditions de travail et les salaires.
Un parcours ordinaire pour une ascension fulgurante
Née le 16 novembre 1985 à Helsinki, dans une famille modeste, ses parents divorcent alors qu’elle est encore une jeune enfant et sa mère tombe amoureuse d’une autre femme. Dans ce contexte difficile, elle ne lâche rien et entreprend des études universitaires qu’elle finance grâce à plusieurs petits boulots. Elle entre dans le mouvement de jeunesse du Parti social-démocrate de Finlande (SDP) en 2006 et se présente sans succès aux élections municipales à Tampere deux ans plus tard.
Sanna Marin est élue au conseil municipal de Tampere en 2012, et en prend la présidence en janvier 2013. À l’occasion des élections législatives du 19 avril 2015, elle fait son entrée à l’Eduskunta, le parlement monocaméral de la Finlande, en représentation de la circonscription de Pirkanmaa. Elle devient seconde vice-présidente du (SDP) en 2014, puis première vice-présidente en février 2017. Au début de l’année 2019, elle remplace Antti Rinne, alors absent pour congé maladie, dans la campagne pour les élections législatives d’avril 2019. En juin, Antti Rinne la nomme ministre des Transports et des Communications.