Le président Mohamed Abdullahi Mohamed a « promulgué la résolution spéciale guidant les élections du pays, après son adoption à l’unanimité par le Parlement » le 14 avril au soir, a annoncé Radio Mogadiscio. Le chef de la Chambre haute somalienne avait pourtant jugé inconstitutionnel ce vote de la Chambre du peuple, chambre basse du Parlement fédéral, et cette résolution n’est pas passée devant la Chambre haute, comme le prévoit le processus législatif. La loi promulguée prévoit alors la tenue d’une élection au scrutin universel direct en 2023.
Cette loi va à l’encontre de l’accord obtenu le 17 septembre 2020 entre le président Farmaajo et cinq leaders régionaux prévoyant des élections indirectes avant la fin de son mandat. Ce pacte abandonnait la promesse du « un homme, une voix », un objectif ambitieux que la Somalie s’était fixé pour tenir ses premières élections entièrement démocratiques depuis 1969, mais qui a achoppé sur de multiples désaccords politiques et surtout pour des raisons sécuritaires. Cette loi constitue un nouveau chapitre de la profonde crise dans laquelle la Somalie est plongée depuis le deuxième semestre 2020, marquée par son incapacité, faute de consensus politique, à organiser des élections fin 2020-début 2021 comme prévu.
Le 22 avril le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) a décidé de dépêcher un envoyé spécial à Mogadiscio pour tenter de sortir le pays de la crise. L’instance estime que la prolongation du mandat de Mohamed Farmaajo « sape l’unité et la stabilité » somaliennes tandis que « les actions unilatérales de la Chambre basse » menacent « la paix et la sécurité ». Pour cet organe stratégique de l’UA, l’accord électoral de septembre 2020 reste « l’option la plus viable vers des élections crédibles ». Le lendemain, c’était au tour du Conseil de sécurité de l’ONU de monter au créneau.
Le 23 avril, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une nouvelle déclaration appelant les parties en Somalie « à rejeter la violence et à reprendre le dialogue de toute urgence et sans condition préalable », illustrant sa préoccupation croissante face à l’impasse politique. « Les membres du Conseil de sécurité sont profondément préoccupés par l’impasse politique qui se poursuit et le désaccord persistant entre les dirigeants politiques somaliens sur le modèle à retenir pour organiser des élections », souligne la déclaration.