Dans une décision historique, le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden, qui avait l’embarras du choix dans le camp démocrate, a choisi la sénatrice Kamala Harris pour défier avec lui Donald Trump le 3 novembre, première femme noire colistière aux États-Unis qui pourrait aussi devenir la première vice-présidente.
Joe Biden a choisi Kamala Harris comme candidate à la vice-présidence. « J’ai le grand honneur d’annoncer que j’ai choisi… une combattante en faveur de l’homme de la rue, et l’un des meilleurs hauts fonctionnaires du pays, comme colistière », a annoncé Joe Biden sur son compte Twitter. « Ensemble, avec vous, nous allons battre Trump ».
Élue sénatrice de Californie en 2016, ancienne procureure de l’État de Californie, Kamala Harris devient ainsi la troisième femme sélectionnée comme vice-présidente potentielle. Elle est aussi la première d’origine non-européenne, facteur qui semble lui avoir donné l’avantage sur les autres candidates. Cette annonce intervient une semaine avant la tenue de la convention démocrate, virtuelle cette année en raison de la pandémie de Covid-19. Elle met fin à un long suspense, même si Harris était donnée parmi les favorites.
Biden avait annoncé dès sa nomination acquise au mois de mars qu’il prendrait une femme comme colistière. Il a fallu plusieurs mois de réflexion au candidat du parti démocrate pour se décider. Dans un parti démocrate dont l’aile radicale est obsédée par les questions d’identité, et notamment raciale, le choix de l’actuelle sénatrice de Californie apparaît comme l’un des plus prudents pour Biden. Il espère apaiser ainsi la frustration de l’aile gauche du parti qui regimbe à voter pour un homme blanc septuagénaire.
Âgée de 55 ans, d’origine indo-caribéenne (son père est originaire de la Jamaïque et sa mère indienne), cette juriste diplômée de l’Université Howard à Washington et de l’Université de Californie n’a pas grandi dans un ghetto. Ses parents sont des universitaires de haut niveau, son père a été professeur d’économie à Stanford et sa mère diplômée en endocrinologie à Berkeley.
Mais Kamala Harris se considère comme afro-américaine, et a fait campagne en mettant en avant cette caractéristique pendant les primaires démocrates. Elle avait notamment lancé une attaque virulente contre Joe Biden, l’accusant de s’être opposé à la déségrégation des écoles publiques dans les années 1970, expliquant qu’elle avait elle avait été l’une des élèves à avoir bénéficié de cette politique.
Mais l’aile radicale du parti avait critiqué Kamala Harris pour avoir été peu sensible à la question raciale quand elle était procureure générale de Californie et procureure de district à San Francisco, et l’avait accusée de ne pas avoir assez pris en compte le racisme et la brutalité policière. Harris avait essayé de se défendre en se déclarant « progressiste » et favorable aux réformes des forces de l’ordre.
Harris avait finalement soutenu Biden et a fait campagne pour lui, après avoir suspendu sa propre campagne présidentielle à la fin de 2019. « On prend beaucoup de décisions importantes en tant que président », a dit Biden. « Mais la première est celle de choisir son vice-président… J’ai décidé que Kamala Harris était la meilleure personne pour m’aider à mener le combat contre Donald Trump et Mike Pence, puis à diriger ce pays à partir de janvier 2021 ».
« Nous ne sommes pas dans un moment normal », a-t-il ajouté. «J’ai besoin à mes côtés de quelqu’un d’intelligent, solide, et prêt à commander. Kamala est cette personne ».Le choix de Harris comme colistière de Biden est un peu le reflet du tandem qu’il formait avec Barak Obama en 2008, à l’époque lui aussi un jeune sénateur récemment propulsé sur la scène politique nationale. Donald Trump a aussitôt commenté l’annonce de ce choix en qualifiant Kamala Harris de « fausse ». « Avec Harris comme testament politique vivant de Joe Biden, il vient de donner le contrôle de notre pays aux émeutiers radicaux qui promettent d’augmenter les impôts, de couper les budgets de la police, de détruire les emplois dans l’énergie et d’ouvrir nos frontières ».