Le président de la République de Côte d’Ivoire a mis fin au suspense en annonçant, le 6 août, sa candidature à l’élection du 31 octobre prochain. A la suite du moment de réflexion qu’il s’est accordé après avoir été invité par ses partisans à briguer un troisième mandat lors de la réunion du conseil politique du 29 juillet, le président sortant évoque un cas de force majeur à la suite du décès de son dauphin Amadou Gon Coulibaly.
« J’ai décidé de répondre favorablement à l’appel de mes concitoyens me demandant d’être candidat. Je suis donc candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre », a déclaré le président Alassane Ouattara, en conclusion de son discours télévisé, à la veille du 60e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Pendant plus d’une vingtaine de minutes, le désormais candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a expliqué que les récents événements tragiques notamment le décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, laisse un vide au niveau de l’équipe mise en place pour poursuivre et consolider le programme de développement économique et social. « Cette décision, mûrement réfléchie, est un devoir que j’accepte dans l’intérêt supérieur de la Nation ; afin de continuer de mettre, sans relâche, mon expérience au service de notre pays », a justifié Alassane Ouattara, 78 ans, invoquant un « cas de force majeure ».
En annonçant sa candidature, Alassane Ouattara revient sur l’annonce retentissante qu’il a faite en mars devant le Congrès ivoirien réuni à Yamoussoukro. Dans un discours qualifié d’historique, même par ses opposants, Alassane Ouattara avait d’abord fait un bilan élogieux de sa propre action à la tête de la Côte d’Ivoire. Et puis, « j’avais commencé à organiser mon départ. Ma vie après la présidence. J’avais commencé à relancer l’activité de mon institut et la création d’une fondation. Mais l’homme propose, Dieu dispose », a tranché le président de la République. Désormais il doit faire face à une terrible adversité.
Elu en 2010 puis réélu en 2015, Alassane Ouattara a estimé que la Constitution l’« autorise » à exercer un troisième mandat. La Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels, mais selon l’interprétation du pouvoir, l’adoption de la nouvelle loi fondamentale en 2016 a remis les compteurs à zéro. L’ex-président, Henri Konan Bédié, a déclaré récemment que cette candidature « serait illégale ». Pour Issiaka Sangaré, secrétaire général et porte-parole du FPI de Pascal Affi Nguessan, cette candidature est « en contradiction flagrante avec la loi fondamentale ivoirienne. Ce message n’est pas bon au niveau international parce qu’il laisse l’Afrique dans des atermoiements ». Comme pour anticiper toutes ces critiques, le président de la République tranche : « compte tenu de l’importance que j’accorde à mes engagements, cette candidature représente un vrai sacrifice pour moi ».