Les cas d’espionnage des présidents français par leur allié, les Etats-Unis, ont sonné l’alerte sur l’utilisation des téléphones personnels chez les chefs d’Etat d’Afrique qui optent désormais pour des solutions à géométrie variable.
Leur mode de fonctionnement est bien connu. Les logiciels-espions similaires aux virus de type cheval de Troie, une fois installés sur le téléphone, dissimulent leur présence et enregistrent ce qui se passe en envoyant des copies à la personne qui les a créés. On peut ainsi obtenir une copie de tous les SMS envoyés par l’appareil, du journal des appels, ou même, pour les programmes les plus sophistiqués, écouter les conversations ou transformer le téléphone en micro pour enregistrer les conversations dans une pièce.
Pour se mettre à l’abri, certains chefs d’État africains ont optés pour des téléphones portables ultra-sécurisés, d’autres optent tout simplement pour un usage sélectif du téléphone.
Entre solutions européenne et canadienne
Après le portable cryptographique (Teorem) créé par Thales et dont l’utilisation s’est avérée très fastidieuse, le groupe français a racheté Ercom. Développée en partenariat avec Samsung, sa technologie CryptoSmart protège les communications et les données mobiles. Parmi ses utilisateurs, se hisse Emmanuel Macron. Son préféré, un Samsung Galaxy S7 à écran tactile, équipé d’une clé inviolable et d’une puce protégeant son contenu. Une boîte noire fournie par Orange Cyberdéfense, dont les données seront détruites à distance en cas de perte ou de vol. Le président français est copié par plusieurs présidents au nord de l’Afrique.
Les produits BlackBerry connaissent également un gros succès en Afrique. Les présidents rwandais Paul Kagame, tout comme le Togolais Faure Essozimna Gnassingbé, qui fut l’un des tout premiers présidents en Afrique francophone à communiquer par textos, sont fidèles ces téléphones intelligents. Le président Sénégalais Macky Sall est aussi resté sous le charme de la technologie BlackBerry.
L’Ivoirien Alassane Ouattara conserve un vieil appareil Nokia. Le Guinéen Alpha Condé, qui ne se déplace jamais sans trois ou quatre portables, a migré avec aisance des SMS classiques à WhatsApp puis à Telegram.
Les résistants
Les chefs d’État de la génération pré-indépendance sont de véritables conservateurs. Parmi eux, le Camerounais Paul Biya, le Congolais Denis Sassou Nguesso, le Malien Ibrahim Boubacar Keïta ou le Djiboutien Ismaïl Omar Guelleh ne sont pratiquement jamais joignables sur leurs portables, dont ils font un usage très sélectif.
Cette catégorie sera sûrement séduite par les initiatives technologiques du continent. En Egypte l’entreprise SICO Technology dont le siège social se trouve au Caire, est à l’origine du Nile X un smartphone entièrement local. Les Mara X et Mara Z sont désormais sur le marché rwandais de la téléphonie. Ces deux smartphones, qui utilisent le système Android, ont été lancés par la compagnie Mara basée au Rwanda.