La commission électorale sud-africaine a officiellement annoncé, dans la soirée du 4 novembre, les résultats définitifs des élections municipales. Si le Congrès national africain (ANC) reste à la tête de la majorité des municipalités, son score national est en net recul avec 46,04% des voix récoltées dans le pays. C’est le plus mauvais score pour une formation qui a remporté tous les votes à la majorité absolue depuis les premières élections démocratiques de 1994. Sur 213 conseils locaux, le parti au pouvoir est arrivé en tête dans 161 d’entre eux. S’exprimant après l’annonce des résultats, le président Cyril Ramaphosa a appelé les élus locaux à « écouter les communautés qu’ils servent » et à « transformer les promesses faites toute au long de la campagne en réalité ». En réalité, ce résultat ne présage rien de bon pour le parti pour les prochaines élections générales de 2024. Pour l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition, ce scrutin « a changé la donne » même s’il a lui aussi perdu des points par rapport à 2016, en récoltant 21,83% des suffrages contre 26,9%. Les radicaux des Combattants pour la liberté (EFF), qui s’imposent comme la troisième force politique de ces élections, ont stagné aux alentours de 10%.
Le chômage record (34,4%), la corruption et les crises à répétition impliquant des hauts responsables du parti, dont l’ex-président Jacob Zuma (2009-2018), ont fini par avoir raison de la mainmise que l’ANC a sur la vie politique sud-africaine depuis la fin de l’apartheid et l’avènement de la démocratie en 1994. La barrière psychologique signant la fin de l’ère de domination absolue de l’ANC est désormais franchie. Pendant 27 ans, le mouvement centenaire, fondé en 1912, a pu compter sur des voix données à chaque scrutin par loyauté au mouvement de libération. Le parti de Nelson Mandela devra se résoudre à nouer des alliances pour espérer gouverner par coalition. Un système qui avait joué en sa défaveur en 2016. En ralliant plusieurs petits partis, DA, première force d’opposition, avait notamment mis la main sur Pretoria et Johannesburg. La razzia pourrait s’avérer encore plus importante si l’opposition fait bloc contre l’ANC.