Il est suspecté d’avoir « emporté et stocké des documents classifiés » de façon « inappropriée ». L’ancien président américain Donald Trump est dans le viseur de la justice pour avoir conservé des documents officiels décrits comme « top secret » par les agents du FBI dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride. Sans forcément contester les faits, Donald Trump a vertement critiqué ces investigations, avant d’entamer une riposte judiciaire.
En février 2022, un premier signalement
Dans un document rendu public vendredi 26 août (en anglais), le ministère de la Justice américain (DOJ) a exposé les principaux motifs de l’enquête visant Donald Trump. On y apprend que celle-ci a commencé après un signalement, datant du 9 février, de l’agence nationale des archives (Nara), chargée de consigner pour l’histoire les activités présidentielles. En cause : la remise le 18 janvier, soit deux jours avant la fin de son mandat présidentiel, de quinze cartons de documents en provenance directe de son domicile en Floride. Dans ces classeurs, des documents qualifiés de sensibles, « mélangés avec d’autres archives », assure le DOJ.
L’alerte a été jugée suffisamment sérieuse pour déclencher une « enquête criminelle » du FBI, qui a confirmé que ces boîtes rendues tardivement contenaient 184 documents classifiés, dont 25 portant la mention « top secret ». Les enquêteurs se sont alors attelés à déterminer, entre autres, « comment ces documents marqués d’un sceau officiel ont été soustraits de la Maison Blanche ».
La Nara et le ministère de la Justice américain ont, en parallèle, tout essayé pour remettre la main sur les archives présidentielles, réclamées de longue date. Le 3 juin, un haut-fonctionnaire spécialisé dans le contre-espionnage s’est même rendu dans la résidence de Mar-a-Lago, accompagné des avocats de Donald Trump. Il s’était alors vu remettre une simple « poignée » de documents, comme l’a relaté le New York Times (en anglais). Fin juin, l’exploitation des images de vidéosurveillance de la résidence a pourtant mis en lumière des mouvements de cartons et des transferts d’archives entre les boîtes, réalisés les semaines précédant cette visite. De quoi pousser les enquêteurs à suspecter que « d’autres documents contenant des informations top secrètes de défense nationale » se trouvaient encore chez l’ex-président.
Une perquisition sous tension et médiatisée en Août
Le matin du 8 août, le FBI a perquisitionné la fameuse résidence de Donald Trump, qui a rapidement réagi. « Notre nation vit des jours sombres. Ma belle demeure de Mar-a-Lago, à Palm Beach, (…) est assiégée et a été perquisitionnée et occupée par de nombreux agents du FBI », a déclaré l’ancien président, qui n’était pas présent lors de l’opération. Un message qui a eu pour effet de rameuter des dizaines de partisans de Donald Trump devant la villa en cours de perquisition.
Au cours de l’opération, les agents ont fouillé 58 chambres et 33 salles de bains, selon le mandat de perquisition. Après plusieurs heures de fouilles dans le sous-sol et la chambre de Donald Trump, les agents du FBI ont rassemblé 26 cartons d’archives – dont une centaine de documents classifiés et un ensemble de pièces classées « top secret ». Afin de ne pas gêner les investigations, le ministère de la Justice est resté très évasif sur le contenu des documents retrouvés dans la luxueuse villa de Donald Trump. Des notes manuscrites, des classeurs de photos, mais aussi des « informations » sur « le président de la France », Emmanuel Macron, figurent notamment dans l’inventaire dressé par le FBI, dont le contenu a été très largement censuré.
Donald Trump parle de chasse aux sorcières
L’ancien président américain a plusieurs fois critiqué l’enquête le visant. Sur Truth Social, le réseau qu’il a lui-même créé après son bannissement de Twitter, Donald Trump a déploré une « chasse aux sorcières », ainsi qu’un « subterfuge de com’ », ajoutant que ces documents juridiques ne mentionnaient « rien » des potentiels documents relatifs au « nucléaire », que la presse américaine avait évoqués dans un premier temps. « Nous vivons dans un pays sans foi ni loi », s’était-il indigné peu auparavant.
Face aux découvertes des enquêteurs, le milliardaire n’a pas nié avoir conservé ces documents, mais a assuré que tous étaient « déclassifiés » et que la perquisition était disproportionnée. Les enquêteurs du FBI « auraient pu les avoir quand ils le voulaient sans faire de politique et s’introduire à Mar-a-Lago », a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur son site le 12 août et supprimé depuis. L’ancien président est néanmoins suspecté de plusieurs crimes : rétention d’informations touchant à la défense nationale, dissimulation d’archives officielles et obstruction à une enquête fédérale.
Un bras de fer judiciaire en cours
Le retentissement politique de cette perquisition, la première au domicile d’un ex-président américain, est tel que le ministre de la Justice, Merrick Garland, a dû donner une très rare conférence de presse et assuré avoir « personnellement approuvé » l’opération. Alors que les investigations du FBI sont toujours en cours, Donald Trump entend bien peser de tout son poids dans cette affaire qui pourrait nuire à son futur en politique. Deux semaines après la perquisition de sa résidence, l’ancien président a officiellement réclamé la nomination d’un expert indépendant pour superviser le traitement des documents retrouvés chez lui, tout en demandant une pause dans l’enquête fédérale.