Pour la première fois depuis 22 ans, Washington et Khartoum rétablissent leurs relations diplomatiques.
Le nouveau patron de la mission diplomatique soudanaise aux Etats-Unis est connu depuis le 4 mai 2020. Il s’agit de Noureddine Sati. Un diplomate expérimenté ayant servi en France dans les années 1990, avant de travailler avec les missions onusiennes de maintien de la paix au Congo et au Rwanda. Le premier signe annonciateur du réchauffement des relations entre les deux pays, est la visite officielle à Washington du Premier ministre soudanais de transition, Abdallah Hamdok. En décembre 2019, au cours de la rencontre avec Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine annonçait que « les Etats-Unis et le Soudan ont décidé d’engager le processus visant à échanger des ambassadeurs après une pause de 22 ans ».
Consécutivement à ce vent de rétablissement des relations diplomatiques, Khartoum a indiqué « avoir reçu l’accord du gouvernement des Etats-Unis pour la nomination de Noureddine Sati, ambassadeur extraordinaire du Soudan » à Washington, une première depuis 1998.
Une nouvelle ère
« Cette décision est un pas en avant important dans le renforcement des relations américano-soudanaises, particulièrement au moment où un gouvernement de transition dirigé par un civil met en œuvre de vastes réformes », reconnaissait Mike Pompeo en décembre 2019. Sans être rompues, les relations entre les deux pays ont été au plus bas pendant les 30 années de régime du président soudanais Omar el-Béchir, renversé en avril 2019 après d’importantes manifestations populaires. Si les Etats-Unis ont levé, en 2017, les sanctions économiques pesant contre le Soudan, Khartoum reste inclus dans la liste noire américaine des Etats soutenant le terrorisme. Une situation qui continue de brider ses perspectives d’investissement au Soudan.
Khartoum demande à être retiré de cette liste noire, qui entrave les investissements et complique la relance économique du pays. Le gouvernement américain a récemment dit être prêt à envisager de tourner cette page si des progrès suffisants étaient réalisés au Soudan, tout en soulignant que le processus prendrait un certain temps.
Les ambitions de Khartoum
« Un projet-clé du nouveau gouvernement de transition est de lutter contre le terrorisme, et afin d’assurer la stabilité dans la région, il faut un programme régional et international de lutte contre le terrorisme », réaffirmait Abdallah Hamdok, plaidant pour que les Etats-Unis retirent Khartoum de leur liste noire qui entrave les investissements extérieurs.
Plusieurs membres du Congrès américain, tout en apportant leur soutien aux autorités de Khartoum après avoir également rencontré Abdallah Hamdok, ont évoqué leurs « inquiétudes persistantes », demandant davantage de « transparence financière dans le secteur de la sécurité » et des éclaircissements sur « des éléments de l’ancien régime qui pourraient toujours soutenir le terrorisme international ». Ces parlementaires ont surtout «souligné qu’avant de retirer le Soudan de la liste, le gouvernement devait trouver un accord avec les familles de victimes des attentats contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie».