La rencontre entre le président Alassane Ouattara et son ex-rival Laurent Gbagbo constitue une réelle avancée dans le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire. Après une heure d’entretien dans une dans une ambiance très amicale et très fraternelle, les deux éléphants de la scène politique ivoirienne, face à la presse, ont tour à tour pris la parole de façon très brève. Le président Alassane Ouattara a profité de l’occasion pour réitérer ses condoléances à Laurent Gbagbo, suite au décès de sa mère Marguerite Gado et de son compagnon de lutte Aboudramane Sangare. Il a annoncé d’autres rencontres avec son ex-rival après le mois d’août en y associant, le moment venu, d’autres personnes dans l’optique de continuer à rétablir la confiance.
Laurent Gbagbo s’est également réjoui de cet entretien qui a permis de parler de la Côte d’Ivoire et de la volonté des Ivoiriens d’aller de l’avant et d’œuvrer au développement de leur pays. Il a plaidé auprès du président Ouattara pour la libération des prisonniers de la crise post-électorale de 2010 – 2011, qui sont encore en détention. « J’étais leur chef de file, je suis dehors aujourd’hui et ils sont en prison. J’aimerais que le président fasse tout ce qu’il peut pour les libérer », a-t-il confié. « Cette crise a créé des divergences mais cela est derrière nous. Ce qui importe, c’est la Côte d’Ivoire, c’est la paix pour notre pays », a de son côté affirmé Alassane Ouattara. Le Chef de l’Etat s’est félicité de cette rencontre cordiale et fraternelle, une occasion de parler de la cohésion sociale et la réconciliation nationale. Il a invité ses concitoyens à travailler ensemble pour continuer à bâtir leur beau pays, dans la paix et la fraternité, à penser aux prochaines générations.
Après un premier contact téléphonique au début du mois, la rencontre du 27 juillet qui devrait être suivie d’autres rendez-vous, dénote un réel apaisement de la vie politique ivoirienne, dans la continuité du retour de Laurent Gbagbo, le 17 juin 2021. « Nous avons convenu de nous revoir de temps en temps. C’est important de rétablir la confiance et que les Ivoiriens se réconcilient et se fassent confiance également », a précisé Alassane Ouattara. Autre signe de cette décrispation, le gouvernement a laissé entendre qu’il ne ferait pas appliquer la condamnation de l’ancien président à vingt ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pendant les événements de 2010-2011. Une décision au goût amer pour les familles des victimes.
« Nous sommes ici pour dénoncer l’exécution sélective des décisions de justice en Côte d’Ivoire. Nous estimons que la réconciliation ne peut pas se résumer à la rencontre de deux citoyens, il faut la vérité, la justice », a déclaré Issiaka Diaby, président du collectif des victimes de la crise post-électorale de 2010 – 2011, à l’occasion d’un hommage au cimetière de Williamsville, un quartier d’Abidjan. L’organisation de cette manifestation, le jour même du tête-à-tête entre le président Ouattara et son prédécesseur, est un signal fort envoyé au régime en place à Abidjan, à qui, Issiaka Diaby et ses partisans reprochent de ne pas mettre à exécution le verdict de la justice condamnant à 20 ans de prison ferme, l’ancien président pour crimes économiques.