L’émotion est vive au lendemain de la décision historique du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de demander des mandats d’arrêt à la fois contre des dirigeants israéliens et palestiniens.
Karim Khan a annoncé lundi qu’il réclamait des mandats d’arrêt contre, d’une part, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant et, d’autre part, trois hauts dirigeants du Hamas : Ismaël Haniyeh, leader politique du mouvement terroriste palestinien, Mohammed Deif, chef de sa branche armée, et Yahya Sinwar, considéré comme le cerveau des attentats du 7 octobre 2023.
Ils sont tous accusés de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité » dans la bande de Gaza et en Israël – mais pas de « génocide ». Sauf surprise, les juges de la CPI devraient décider dans les prochaines semaines de suivre la requête du procureur général. S’ils émettent un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahou, ce serait, à plusieurs titres, une décision inédite pour l’institution de La Haye, en fonction depuis 2002 : ce serait ainsi la première fois qu’un dirigeant soutenu par l’Occident serait visé. Ce serait aussi une première pour un dirigeant d’une démocratie libérale. Et ce serait la quatrième fois seulement qu’un mandat serait émis contre un dirigeant en poste, après le Soudanais Omar El Béchir, le Libyen Mouammar Khadafi et, plus récemment, le Russe Vladimir Poutine.
De quoi alimenter les critiques. De la part de l’intéressé en premier lieu, qui se préparait depuis plusieurs semaines à ce scénario : « Je rejette avec dégoût la comparaison du procureur de La Haye entre Israël », pays « démocratique », et « les meurtriers de masse du Hamas », a déclaré Benyamin Netanyahou lundi.
Plusieurs capitales occidentales ont aussi rejeté cette « équivalence » entre l’Etat hébreu et le mouvement terroriste palestinien que laisserait entendre la décision du procureur. Joe Biden a ainsi dénoncé une décision « scandaleuse » : « Je vais être clair : quoi qu’insinue le procureur, il n’y a pas d’équivalence entre Israël et le Hamas », a déclaré le président américain, qui entretient des relations houleuses avec le dirigeant israélien. Berlin a également critiqué « l’impression de fausse équivalence » tout en soulignant son respect de « l’indépendance » de la CPI.
Après un communiqué du Quai d’Orsay rappelant essentiellement le soutien de la France à l’indépendance de la Cour, le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné a, lui aussi, appelé à ne pas « créer d’équivalence entre […] un groupe terroriste qui s’est félicité des attentats du 7 octobre, qui les a revendiqués également de manière assumée » et un « Etat démocratique, Israël, qui doit respecter le droit international dans la conduite d’une guerre qu’il n’a pas déclenchée lui-même ».