D’abord réticentes, les autorités ivoiriennes ont remis les informations sur la situation judiciaire de l’ex-première dame sous le coup d’un mandat d’arrêt depuis février 2012.
Formellement adopté en février, c’est en novembre 2012, que la Cour pénale internationale (CPI) a rendu public le mandat d’arrêt contre Simone Gbagbo pour des crimes contre l’humanité commis durant la crise ayant suivi l’élection présidentielle de 2011. L’ex-première dame, âgée de 70 ans, est soupçonnée par la CPI d’avoir participé à des réunions ayant conduit à des meurtres, des viols et des actes de persécution commis sur le territoire de la Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.
En 2014, le gouvernement ivoirien a bien tenté de convaincre la CPI de lui laisser juger Simone Gbagbo devant ses propres tribunaux, mais les juges avaient rejeté la demande, affirmant alors « qu’aucune enquête ou poursuite pertinente n’était en cours au niveau national », et que les autorités ivoiriennes n’avaient pas démontré l’existence « de mesures d’enquête concrètes, tangibles et progressives ». En septembre 2018 les juges de la CPI ont renchéri, demandant à la Côte d’Ivoire de leur transmettre des précisions sur le dossier judiciaire de l’ex-première dame. Un an après, les autorités ivoiriennes accèdent à leur demande. Le dossier transmis à La Haye par les autorités ivoiriennes comprend la décision d’acquittement prononcée par la Cour d’assises d’Abidjan en mars 2017, et son annulation, 16 mois plus tard, par la Cour de cassation, et aussi l’ordonnance d’amnistie en faveur de 800 détenus dont Simone Gbagbo, signée en août 2018 par le président Alassane Ouattara.
Entre acharnement et justice des vainqueurs
La démarche de la procureure Fatou Besouda surprend alors que l’essentiel du dossier de la crise post-électorale, concernant Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, a été démonté devant la CPI. Quel pourrait véritablement être le degré d’implication de Simone Gbogbo ?
Pour la CPI, « Simone Gbagbo était très proche professionnellement et idéologiquement de son mari », et à ce titre, elle aurait donné des instructions en vue « de commettre des crimes contre les personnes qui représentaient une menace pour le pouvoir de son mari ». Dans la même lancée, elle estime que Simone Gbagbo « avait le pouvoir de contrôler les milices de jeunes et de leur donner directement des instructions ».
Par ailleurs la procureure avait affirmé que les enquêtes sur le dossier des violences post-électorales en Côte d’Ivoire, visaient aussi bien le camp de Laurent Gbagbo que celui des partisans d’Alassane Ouattara. Mais huit ans plus tard, aucun mandat d’arrêt n’est venu troubler le sommeil des partisans de l’actuel président ivoirien. Cette situation éveille des soupçons, et donne de la justice de La Haye l’image d’une justice de vainqueurs.