Le sommet aura lieu à Abuja, capitale du Nigeria dirigé par le nouveau Chef d’État nigérian Bola Tinubu, président en exercice de l’organisation régionale. Le 30 juillet, lors d’un précédent sommet à Abuja, les dirigeants ouest-africains avaient donné un ultimatum d’une semaine aux militaires ayant pris le pouvoir à Niamey pour rétablir le président Mohamed Bazoum, sous peine d’une intervention armée pour ce faire. Les chefs d’état-major de la région avaient même dessiné les « contours » de cette éventuelle intervention, mais elle n’a pas été déclenchée à l’issue de l’ultimatum, qui s’est achevé dimanche.
Selon de nombreuses sources à la CEDEAO, une intervention militaire n’est pas envisagée à ce stade. La voie du dialogue semble donc être toujours sur la table et les États-Unis, alliés du Niger, pourraient y participer, ainsi que l’Organisation des Nations Unies. Plusieurs voix africaines ont rejeté ces derniers jours l’option militaire. Une intervention militaire pourrait être « une catastrophe », a prévenu lundi à Bamako le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop. Certains pays occidentaux se sont également dit lundi favorables à une solution diplomatique, dont l’Allemagne qui estime que les efforts de médiation n’en sont « qu’à leur début », et l’Italie, dont le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a dit « espérer » que l’ultimatum de la Cédéao allait être « prolongé. Le Burkina Faso et le Mali, voisins du Niger eux aussi gouvernés par des militaires et confrontés à la violence des groupes jihadistes, ont souligné ces derniers jours qu’une intervention armée serait « une déclaration de guerre » à leurs deux pays.
La France indésirable, désormais en retrait
Nous soutenons pleinement (…) les efforts des pays de la région pour restaurer la démocratie au Niger » , a déclaré mardi à l’agence France Presse, une source diplomatique française, près de deux jours après l’expiration de l’ultimatum lancé par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les dirigeants ouest-africains avaient donné jusqu’à dimanche soir aux militaires nigériens pour rétablir le président élu Mohamed Bazoum , retenu prisonnier depuis le 26 Juillet 2023.
Les chefs d’état-major de la région avaient même dessiné les « contours » d’une éventuelle intervention armée. Paris avait appuyé « avec fermeté et détermination » les efforts de la CEDEAO pour faire pression sur Niamey.
« C’est à la CEDEAO de prendre une décision sur la manière de restaurer l’ordre constitutionnel au Niger, quelle qu’elle soit » , avait souligné plus tôt la source Diplomatique française, ajoutant que le sommet de la CEDEAO, jeudi, « permettra d’aborder ce sujet » .
Pour Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po Paris, la déclaration française est « très pesée et très prudente (…) en retrait par rapport à ce qui était annoncé au départ » . « Il n’est plus question d’intervention militaire, il n’est plus question de dénier toute base réelle à ce gouvernement, il est question de diplomatie » , dit-il.