Flamboyant homme de pouvoir, pilier de la politique ivoirienne, fidèle du président Alassane Ouattara, Hamed Bakayoko est décédé d’un cancer foudroyant, le 10 mars en Allemagne, à l’âge de 56 ans. Touché par le COVID-19 à deux reprises et très affaibli depuis le début du mois de février, Hamed Bakayoko est évacué en France le 18 courant. Il quitte la capitale économique ivoirienne, à bord d’un Grumman 5 de la flotte présidentielle, accompagné de son épouse Yolande. Début mars, la sentence tombe : Hamed Bakayoko, hospitalisé à l’Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, souffre d’un cancer du foie métastasé en phase terminale. Seule option, une transplantation en urgence. Mais il est trop tard, jugent les experts à son chevet. Le patient n’est plus opérable, encore moins transportable. Le 6 mars, dans la matinée, il est transféré vers l’Allemagne pour y suivre un traitement expérimental. Il rendra l’âme quatre jours plus tard.
Depuis le 10 mars, les réactions se succèdent depuis l’annonce de la mort du Premier ministre ivoirien. Les chefs d’Etat du continent saluent un « grand homme d’Etat » dont la disparition constitue incontestablement une grande perte pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique. « Je rends hommage au Premier Ministre, Hamed Bakayoko, mon fils et proche collaborateur, trop tôt arraché à notre affection. Le Premier Ministre Hamed Bakayoko a servi la Côte d’Ivoire avec dévouement et abnégation. C’était un grand homme d’Etat, un modèle pour notre jeunesse, une personnalité d’une grande générosité et d’une loyauté exemplaire », a témoigné le président Alassane Ouattara, dans un communiqué rendu public le 10 mars. Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), a mentionné le souvenir « d’un homme de convictions, généreux et combatif ». Nombreuses ont aussi été les réactions dans le monde de la culture. « L’icône d’une génération s’est couchée à jamais. Un baobab est tombé ce soir. La Côte d’Ivoire perd un digne fils », a ainsi réagit A’Salfo, le chanteur de Magic System.
Malgré son absence, il a été très largement réélu député, lors des législatives du 6 mars, pour le compte du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) dans son fief de Séguéla, au nord. Surnommé « Golden Boy » pour ses réussites en affaires, Hamed Bakayoko a ensuite connu une ascension politique qui l’a mené au poste de Premier ministre, qu’il n’aura occupé que neuf mois, après la mort, elle aussi brusque, de son prédécesseur Amadou Gon Coulibaly. D’abord militant politique, puis homme de médias dans les années 1990, Hamed Bakayoko était devenu ministre au début des années 2000. Il avait été ensuite de tous les gouvernements pendant près de 20 ans. En 2018 il avait été élu maire d’Abobo, l’une des deux grandes communes populaire d’Abidjan. En 2020 son nom avait circulé comme présidentiable, avant la désignation du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat du parti au pouvoir pour la présidentielle d’octobre.
Né le 8 mars 1965 à Abidjan, dans une famille de la classe moyenne, ce musulman au physique athlétique, s’était intéressé dès sa jeunesse au journalisme et à la politique. A 25 ans, il avait créé le journal « Le Patriote », qui deviendra le quasi-organe du Rassemblement des Républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara, auquel il avait adhéré dès sa fondation en 1994. Hamed Bakayoko était marié à Yolande, une avocate, chrétienne originaire de l’Est, avec laquelle il a eu quatre enfants.