Technocrate averti, Patrick Achi est titulaire d’une Maîtrise de Physique obtenue en 1979 à l’université de Cocody en Côte d’Ivoire, d’un diplôme d’Ingénieur de l’École supérieure d’électricité et d’un Master en Management de l’université Stanford.
C’est le mercredi 13 avril dernier, que Patrick Achi, avait déposé la démission du gouvernement sur la table du président Alassane Ouattara. Le chef de l’Etat ivoirien avait trahi le secret de cette reconduction, du natif de la Mé, ce mardi 19 avril 2022, lors de son message sur l’État de la nation devant les deux chambres du Parlement ivoirien, réunies en Congrès.
Une nouvelle équipe « resserrée d’une trentaine de membres » contre 41, a été nommée cette semaine pour mieux tenir compte « de la conjoncture économique mondiale », a précisé le président Alassane Ouattara, en acceptant la démission de l’équipe gouvernementale. « En vue de renforcer l’efficacité de l’action du gouvernement et pour tenir compte de la conjoncture économique mondiale actuelle, j’ai décidé de la réduction du nombre de ministres du gouvernement », avait déclaré le président Ouattara. « En effet, il est impératif de réduire les dépenses de l’État tout en les réorientant vers la résilience sociale et sécuritaire », avait-il ajouté.
Un Gouvernement sur mesure
Patrick Achi, faut-il le rappeler, était pressenti au poste de vice-président de la République de Côte d’Ivoire, en remplacement de Daniel Kablan Duncan, démissionnaire de février 2019. Le président, Alassane Ouattara, a finalement décidé de nommer à ce poste, Tiémoko Méylet Koné, gouverneur de la banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. Patrick Achi, conserve donc son fauteuil de Premier ministre. Avec la prochaine équipe gouvernementale qui s’annonce resserrée, il aura la lourde de s’attaquer aux réels problèmes des Ivoiriens. Le principal changement dans la nouvelle équipe gouvernementale est la réduction du nombre de ministres, 32 dont 7 femmes, contre 41 dans la précédente.
Kandia Camara, une proche du président et pilier du parti au pouvoir, conserve son poste de ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, selon le décret lu par le secrétaire général de la présidence Abdourahmane Cissé.
Téné Birahima Ouattara, l’influent frère du président, garde aussi le portefeuille stratégique de la Défense, toujours avec le titre de ministre d’État. Troisième ministre d’État dans l’ordre protocolaire, Kobenan Kouassi Adjoumani, reste à l’Agriculture. Le général Vagondo Diomandé, autre fidèle du chef de l’État, est reconduit à l’Intérieur. Le ministre de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin, visé par une enquête après des accusations de viol en septembre dernier, est maintenu à son poste. Deux nouvelles personnalités font leur entrée dans la nouvelle équipe de Patrick Achi, dont Françoise Remarck, patronne de Canal+ Côte d’Ivoire, nommée à la Culture. Les postes de secrétaires d’État du précédent gouvernement ont été supprimés et certains ministères fusionnés.
La succession d’Alassane Ouattara en question ?
Plus tôt dans la même journée, le vice-président Tiemoko Meyliet Koné avait prêté serment après avoir été nommé la veille par le président Ouattara. « Je jure solennellement et sur l’honneur de respecter la Constitution, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge, dans le strict respect de ses obligations et avec loyauté à l’égard du président de la République », a déclaré Tiemoko Meyliet Koné. « Que le président de la République me retire sa confiance si je trahis ce serment », a-t-il ajouté devant les membres du Conseil constitutionnel venus pour l’occasion au palais présidentiel d’Abidjan.
Peu connu du grand public, cet économiste a mené une longue carrière au sein de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest, dont il était le gouverneur depuis 2011. Il a également été directeur de cabinet du Premier ministre Guillaume Soro entre 2007 et 2010, ministre de la Construction, puis conseiller spécial du président de la République Alassane Ouattara, chargé des questions économiques et monétaires. Le poste de vice-président, sanctuarisé dans la dernière réforme constitutionnelle de 2016, était vacant depuis juillet 2020 et la démission de Daniel Kablan Duncan pour « convenance personnelle ».
Selon l’article 62 de la Constitution, le vice-président devient président « de plein droit » en cas de vacance « par décès, démission ou empêchement absolu » de ce dernier. « L’article 62 fait du vice-président en cas de vacance du pouvoir, non pas un intérimaire, mais de droit un président de la République chargé de poursuivre et de terminer le mandat en cours », a rappelé mercredi le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Koné. Ces nominations au sein de l’exécutif relancent la question de la succession d’Alassane Ouattara, bien qu’il ne se soit pas encore officiellement prononcé sur sa volonté ou non de briguer un nouveau mandat lors de la prochaine présidentielle de 2025.