L’annonce a été faite le 13 juillet 2020 par le secrétaire général de la présidence, Patrick Achi. Alors que le pays porte encore le deuil, après le décès du président ministre Amadou Gon Coulibaly, le départ de Daniel Kablan Duncan, 77 ans, est plus qu’une surprise.
« Le vice-président Daniel Kablan Duncan a remis au président de la République sa démission […] pour des raisons de convenance personnelle le 27 février […]. Après plusieurs entretiens dont le dernier a eu lieu le 7 juillet, le président Alassane Ouattara a pris acte et procédé le 8 juillet à la signature d’un décret mettant fin aux fonctions de M. Kablan Duncan », affirme le communiqué lu par Patrick Achi. Selon le secrétaire général de la présidence ivoirienne, « le président de la République voudrait rendre hommage à un grand serviteur de l’État, un homme de pouvoir et d’engagement ». Kablan Duncan a toujours été un poids lourd du pouvoir, occupant successivement les postes de ministre des Affaires étrangères (2011-2012), puis de premier ministre avec le portefeuille de l’économie et des finances de 2012 à 2017, avant de devenir le premier vice-président de l’histoire de Côte d’Ivoire en janvier 2017, poste créé avec la nouvelle Constitution de 2016. La démission de M. Kablan Duncan survient alors que le premier ministre Amadou Gon Coulibaly est décédé brusquement d’une crise cardiaque le 8 juillet quelques jours après être revenu de France après deux mois de convalescence. L’absence de M. Kablan Duncan à l’aéroport lors du retour du premier ministre avait été remarquée.
Kablan Duncan était considéré comme un proche du président Ouattara, même s’il appartenait au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), formation ancienne alliée d’Alassane Ouattara passée dans l’opposition en 2018. Le mode de désignation de Gon Coulibaly comme candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) à la présidentielle du 31 octobre 2020, puis le décès de ce dernier ont complètement changé la donne politique autour du président Alassane Ouattara. Un autre membre important du gouvernement, Marcel Amon-Tanoh, ministre des Affaires étrangères et fidèle d’Alassane Ouattara, avait, lui aussi, démissionné en mars 2020. Il avait dénoncé la méthode de nomination du candidat RHDP pour l’élection présidentielle, feu Amadou Gon Coulibaly.
Le parti au pouvoir doit désormais trouver un autre candidat. Beaucoup estiment que le président Ouattara, qui avait annoncé en mars qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, pourrait finalement être candidat. Alassane Ouattara qui n’a jamais voulu entendre parler d’un « plan B » durant les deux mois que son Premier ministre a passés à Paris est désormais contraint de trouver un autre candidat. Sur qui se portera son choix ? Il est trop tôt pour le dire. Alassane Ouattara lui-même pèse encore le pour et le contre. En plus d’être tendue, la présidentielle ivoirienne s’apparente désormais à un feuilleton aux rebondissements déroutants.