Malgré une condamnation à 20 ans de prison pendante dans l’affaire dite du « braquage de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest », l’ancien président actuellement en liberté conditionnelle en Belgique, souhaite désormais retrouver sa terre natale.
L’enfant prodige de Gagnoa n’est pas dupe. Le temps qui passe joue contre lui et les millions de partisans du Front populaire ivoirien (FPI) qui le pressent de se présenter au scrutin présidentiel d’octobre 2020. La Cour pénale internationale l’autorisant à quitter la Belgique, à condition que tout pays dans lequel il souhaite se rendre accepte au préalable de le recevoir, Laurent Gbagbo a entamé des procédures auprès des autorités de son pays la Côte d’Ivoire. « Après plusieurs demandes infructueuses d’établissement d’un passeport diplomatique auprès du ministère des Affaires étrangères à Abidjan, le président Laurent Gbagbo s’est déplacé ce jour auprès de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Bruxelles pour introduire une demande de passeport ordinaire et d’un laissez-passer », a indiqué dans un communiqué le 28 juillet, Me Habiba Touré, l’avocate du président du FPI.
« En effet, à l’issue de son acquittement le 15 janvier 2019, et de la levée des conditions restrictives le 28 mai 2020, il est plus que temps pour le président Laurent Gbagbo de rentrer chez lui », conclut-elle. En effet, l’ex-chef d’Etat de 2000 à 2010 a été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) du chef d’accusation de « crimes contre l’humanité » et libéré après sept ans de détention à La Haye. La Cour examine actuellement la demande d’appel de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda. Avant une quelconque réponse des autorités ivoiriennes, son avocate se projette. « Maintenant, le choix concernant une éventuelle candidature à l’élection présidentielle, cela relève du choix du parti et de son choix personnel également. Mais pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour. On parle d’un homme qui a été privé de son pays pendant près de dix ans. Il veut rentrer chez lui le plus rapidement possible », éclaire-t-elle, narguant au passage la justice ivoirienne : « si la justice ivoirienne est tellement sûre d’elle, de sa procédure, pourquoi a-t-elle peur de le laisser rentrer ? ».
Vers un bal de vétérans
L’ancien président ivoirien Henri Konan-Bédié, 86 ans, tout juste désigné candidat par son parti, le PDCI-RDA, sera inévitablement rejoint par le président sortant Alassane Ouattara âgé de 78 ans. Invité par ses partisans à briguer un troisième mandat lors de la réunion du conseil politique de son parti, le RHDP, tenue le 29 juillet à Abidjan, le président sortant a promis de se prononcer dans les jours à venir. « J’ai écouté toutes les interventions et je prends acte de la sollicitation des militants. Vous savez que je ne vous ai jamais déçus et je ne vous décevrai jamais. La Côte d’Ivoire doit avancer et non reculer. Je m’adresserai très prochainement à toute la nation », a répondu Alassane Ouattara. Avec un retour de Laurent Gbagbo, 75 ans, l’élection du 31 octobre prochain aura des airs du déjà vu. Le peuple ivoirien et la communauté internationale ne souhaitent pas revivre les épisodes douloureux des affrontements de ces éléphants de Côte d’Ivoire.