Dans une ambiance de meeting, le congrès de lancement du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), du 16 au 17 octobre, a consacré le retour de Laurent Gbagbo au premier plan de la scène politique ivoirienne. Après avoir créé le Front populaire ivoirien (FPI) en 1982, Laurent Gbagbo est désormais à la tête d’un parti de « gauche » aux ambitions panafricanistes. De quoi pimenter la vie politique ivoirienne, largement dominée depuis dix ans par le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) du président Alassane Ouattara.
« C’est toujours une déchirure quand on est obligé de recommencer. Mais il fallait. Il le fallait parce qu’à mon retour, je ne reconnaissais plus le parti que nous avons créé depuis 1982, et il fallait reprendre les mêmes idées, la même force, la même dynamique pour l’injecter dans un nouveau parti, et c’est ce que nous avons fait », a expliqué Laurent Gbagbo dans une interview accordée à France 24. Au cours de cette sortie, l’ancien président est revenu sur son arrestation en 2011, accusant notamment Nicolas Sarkozy d’avoir bombardé sa résidence et de l’avoir envoyé devant la Cour pénale internationale (CPI). Présente en 1982, Simone Ehivet Gbagbo, la doublure en politique de l’ancien président de Côte d’Ivoire, était la grande absente du congrès constitutif du PPA-CI. Signe clair d’un un divorce politique ?
« Posez-lui la question. Moi je vais, j’avance, je suis devant. Un parti c’est ainsi fait. Appartient au parti celui qui adhère. Si elle y adhère, bien », a répondu Laurent Gbagbo qui, espère d’autres adhésions à sa nouvelle formation politique. Au cours de cette interview, Laurent Gbagbo, 76 ans, s’est également prononcé sur l’éventualité de la restauration de la limitation de l’âge des candidats à la présidentielle à 75 ans. « Je suis contre (…) Je trouve que c’est ringard. Joe Biden est plus vieux que moi », a-t-il rétorqué.
Autre sujet abordé dans son discours de clôture du congrès inaugural du PPA-CI, sa condamnation à 20 ans de prison, dans l’affaire dite du braquage de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’ouest. « Il y a d’autres qui sont assis là, ils disent Gbagbo a été condamné à 20 ans, ils ne vont pas le laisser se présenter. Une condamnation que je récuse n’est pas mon problème », a tranché Laurent Gbagbo, mettant en avant la réconciliation des Ivoiriens. S’appuyant sur le préambule de la Constitution qui stipule que « Nul ivoirien ne doit être contraint à l’exil », l’homme qui envisage faire la politique jusqu’à sa mort a plaidé pour un retour de tous les Ivoiriens, militaires et civils, aujourd’hui en exil.