Elu local et Ministre d’Etat en charge de la défense, il est à n’en point douter l’un des hommes les plus puissants du pays. Rompu à la tâche, la confiance posée en lui par le Chef de l’Etat Alassane Ouattara lui engage d’énormes responsabilités. Portrait d’un personnage difficile à décrypter.
Tout juste élu maire d’Abobo avec 58,99% des voix, le ministre de la Défense est l’un des hommes les plus puissants du gouvernement. Il se défend d’une quelconque ambition, mais apparaît comme un prétendant sérieux pour 2020. D’Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre, à Henriette Diabaté, la présidente du Rassemblement des républicains (RDR), et à Masséré Touré, la directrice de la communication et nièce du chef de l’État, tous les pontes du régime demeurent près de lui.
Un personnage déterminé
Il a une réputation de fonceur. Au lendemain de la crise, en 2011, alors que le pays est loin d’être stable, le golden boy, plus réputé pour ses déhanchés et son art de la communication que pour sa maîtrise du milieu sécuritaire, est nommé ministre de l’Intérieur. Six ans plus tard, après deux séries de mutineries qui ont sérieusement ébranlé le régime, le président lui confie le portefeuille de la Défense. Seul ministre d’État, il est aujourd’hui l’un des hommes les plus puissants du pays. Ce fidèle est chargé de reprendre en main l’armée. Du haut de son mètre quatre-vingt-neuf, fort d’années de pratique des arts martiaux, le voilà face aux turbulents militaires, un jour en treillis, l’autre en survêtement pour jogger avec eux. Il écoute les revendications et le malaise. Comme lorsque, ministre de l’Intérieur, il a piloté le Centre de coordination des opérations décisionnelles (CCDO), il s’assure la loyauté de certains hommes en leur octroyant des privilèges et tente de remodeler les forces spéciales.
Des faits d’armes pour un féru de la négociation
Sous sa houlette, un vaste programme de départs volontaires à la retraite a été lancé, et, d’ici à la fin de 2020, environ 4 000 soldats devraient avoir quitté les rangs. Le ministère de la Défense espère ainsi opérer un renversement de la pyramide des grades (les sous-officiers représentant actuellement plus de 50 % de la troupe).
Côté commandement, à la fin de 2018, le général Lassina Doumbia, ancien patron des Forces spéciales et décrit comme un homme à poigne, a succédé au général Sékou Touré au poste de chef d’état-major des armées. En effet, régulièrement envoyé spécial d’Alassane Ouattara, Hamed Bakayoko a été à la manœuvre en 2017 lors de la médiation au Togo, où il entretient de très bons rapports avec Faure Gnassingbé. Proche du Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, il l’avait fortement soutenu lors de sa campagne présidentielle, en 2015. Il détient un bon tissu relationnel à l’étranger.
Déjà, Hamed est un homme de mission. Intuitif, il a le contact facile et des connaissances dans tous les milieux. Durant la rébellion, alors que les relations sont tendues entre Amadou Gon Coulibaly et Guillaume Soro, il est l’un des messagers du RDR auprès des Forces Nouvelles.
Qui est Hamed Bakayoko ?
54 ans, proche collaborateur du Président Alassane OUATTARA, il est nommé par celui-ci Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur de la République de Côte d’Ivoire le 1er Juin 2011, après son investiture. Il reste à ce poste pendant six ans durant lesquels il réforme en profondeur l’institution policière. Sous son mandat, la criminalité baisse à un niveau comparable à celui des grandes capitales occidentales.
Les médias le passionnent depuis toujours. Et c’est naturellement qu’il devient à la tête de plusieurs entreprises de presses dans son pays. En 1994, Le Patriote est suspendu par les autorités et Hamed BAKAYOKO séjourne en prison plusieurs mois pour outrage au Président de la République. La suspension du journal durera cinq ans. Entré dans le gouvernement en 2003 sous le portefeuille des NTIC, c’est avec abnégation qu’il va coupler sa passion politique et les affaires.