Le Président ivoirien qui avait annoncé en mars 2020, sa volonté de ne plus briguer u autre mandat, serait proche de revenir sur sa décision selon certains bookmakers et journaux introduits dans les cercles du pouvoir. En cause, les difficultés sanitaires de son dauphin, et la libération de Laurent Gbagbo et Cie par la CPI.
Alassane Ouattara, qui vient d’annoncer un remaniement partiel de son gouvernement, envisage de nommer un nouveau Premier ministre pour prendre la suite d’Amadou Gon Coulibaly. Et il a déjà choisi un potentiel successeur selon certaines sources. Selon certaines informations, cet important changement à la tête du gouvernement devrait s’opérer dès le retour en Côte d’Ivoire d’Amadou Gon Coulibaly, en convalescence à Paris pour quelques semaines.
Si celui-ci avait d’abord souhaité conserver son poste jusqu’à la présidentielle, tout en transférant ses dossiers aux membres influents de son cabinet, il soutient désormais l’initiative d’Alassane Ouattara. En tant que candidat et président du directoire du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, il va désormais se consacrer à la campagne.
Leger remaniement le 13 mai 2020
Alors qu’Amadou Gon Coulibaly poursuit sa convalescence en France, le président Alassane Ouattara a procédé à un léger remaniement il y’a quelques jours.
Selon le communiqué lu mercredi 13 mai par le secrétaire général de la présidence, Patrick Achi, Albert Mabri Toikeusse ne fait plus partie du gouvernement. Le président de l’Union pour la paix et la démocratie en Côte d’Ivoire (UDPCI), l’une des principales formations composant le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), était ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique depuis juillet 2018.
Albert Mabri Toikeusse, dont les ambitions présidentielles n’étaient un secret pour personne, avait déjà été évincé du gouvernement en novembre 2016. Il était alors ministre des Affaires étrangères, après avoir servi comme ministre d’État, chargé du Plan et du Développement dans le gouvernement de Guillaume Soro.
Son avenir au sein du gouvernement d’Amadou Gon Coulibaly s’inscrivait en pointillé depuis le 12 mars dernier. Ce jour-là, alors que le Premier ministre était désigné candidat du RHDP, Mabri était resté assis lorsqu’Alassane Ouattara avait demandé à l’assistance de se lever pour adouber ce choix.
« Je suis un homme de conviction et je préfère dire ce que je pense. Ne prenons pas des engagements d’une heure dans une salle, qui par la suite ne refléteront pas la réalité sur le terrain », avait-il déclaré quelques minutes plus tôt à la tribune. Avant cet épisode, Albert Mabri Toikeusse s’était vu proposer la présidence du Conseil économique et social (CES).
Deux conseillers ont fait leur entrée
Mabri Toikeusse est remplacé par le professeur Adama Diawara. Conseiller du Premier ministre en charge de la formation et de la recherche, il est également président délégué de l’Union des enseignants du supérieur et des chercheurs du RHDP.
Un autre conseiller d’Amadou Gon Coulibaly (AGC) intègre le gouvernement en la personne d’Albert Flindé. Ce proche du Premier ministre avait été récemment évincé de la direction de l’UDPCI par Mabri Toikeusse. Il se voit offrir le ministère de l’Intégration ivoirienne en remplacement d’Ally Coulibaly. Ce dernier étant confirmé au poste de ministre des Affaires étrangères, dont il occupait l’intérim depuis le départ de Marcel Amon Tanoh. Raymonde Goudou Coffie, qui occupait de son côté l’intérim du ministre de la Culture, Maurice Bandaman, nommé ambassadeur à Paris, a elle aussi été confirmée à ce poste.
Gbagbo, une menace ?
La Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a décidé ce jeudi 28 mai, d’alléger les conditions imposées à la mise en liberté de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et l’ex-ministre Charles Blé Goudé.
Dans un communiqué, la Cour a annoncé la révocation des conditions suivantes : (1) ne pas se déplacer en dehors des limites de la municipalité dans laquelle ils résident dans l’Etat d’accueil, à moins d’y avoir été expressément autorisés au préalable par la Cour ; (2) remettre au Greffe toutes les pièces d’identité dont ils disposent, en particulier leur passeport ; (3) se présenter chaque semaine auprès des autorités de l’Etat d’accueil ou auprès du Greffe ; (4) se conformer à toute autre condition raisonnable imposée par l’Etat dans lequel ils seront libérés.
La révocation de cette série de conditions restrictives offre aux concernés une bien plus grande liberté de mouvement leur permettant de se déplacer et même de voyager sans restrictions.
Cette décision de la CPI intervient à la suite de la requête de la Défense de Laurent Gbagbo demandant à la Chambre de réexaminer son arrêt lui accordant, ainsi qu’à Charles Blé Goudé, une mise en liberté conditionnelle, alors même que ceux-ci avaient été acquittés des charges pesant contre eux. Une requête d’ailleurs rejetée ce jour par la Chambre.
Rappelons que le 15 janvier 2019, la Chambre de première instance I de la CPI, à la majorité, avait acquitté Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé de toutes les charges de crimes contre l’humanité prétendument perpétrés en Côte d’Ivoire en 2010 et 2011, et ordonné leur mise en liberté immédiate et sans condition. Une décision dûment motivée a été rendue par écrit le 16 juillet 2019. L’Accusation a fait appel de cette décision.
Par la suite, le 1er février 2019, la Chambre d’appel a dans un arrêt, modifié la décision orale et imposé un certain nombre de conditions à la mise en liberté de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Cette décision a d’ailleurs soulevé une vive polémique dans la mesure où, aux yeux de nombreux observateurs et spécialistes du droit, il paraissait inconcevable de restreindre la liberté de personnes acquittées à l’issue d’un procès qui a duré plusieurs années.
Avec la révocation de ces quatre conditions de mise en liberté de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, leurs partisans qui n’ont cessé de battre le pavé depuis le début de ce procès pour leurs leaders peuvent désormais entrevoir la possibilité de leur retour en Côte d’Ivoire. Cela reste toutefois hypothétique dans la mesure où, hormis les restrictions aux voyages imposées dans le cadre de la lutte contre la covid-19, les concernés restent sous le coup d’une condamnation à 20 ans de prison chacun suite à des procès par contumace qui ont eu lieu dans le pays.