C’est Kouadio Konan Bertin (KKB), seul candidat de l’opposition à ne pas avoir boycotté le scrutin du 31 octobre, et donc seul adversaire d’Alassane Ouattara, qui a été nommé ministre de la Réconciliation nationale, le 15 décembre. KKB, dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principal parti d’opposition, aura la mission d’aplanir les différends actuels entre le pouvoir et l’opposition. « Ce département ministériel aura pour mission de faire une évaluation de nos actions avec pour objectif, le renforcement de la cohésion nationale et de la réconciliation », a évoqué le président Alassane Ouattara, lors de son investiture.
S’exprimant après sa nomination, le nouveau ministre ivoirien de la Réconciliation nationale a expliqué que son objectif est clair : l’apaisement du contexte politique. « Le président Laurent Gbagbo a été acquitté, il doit rentrer chez lui, son retour doit donc être préparé. Charles Blé Goudé également est encore à l’extérieur, il doit rentrer en Côte d’Ivoire, ils sont nombreux dont la place est en Côte d’Ivoire », a confié KKB dont la tâche s’annonce immense.
L’absence d’Henri Konan Bédié, pourtant investi, dans des négociations au sommet de l’Etat, pour décrisper l’atmosphère socio-politique en Côte d’Ivoire s’est faite ressentir lors de la cérémonie d’investiture d’Alassane Ouattara, essentiellement protocolaire car tenue dans le contexte crise sanitaire de COVID-19. L’événement s’est déroulé au palais présidentiel en présence d’un parterre d’invités, dont plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement africains, et d’autres convives dont Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères et Nicolas Sarkozy, ancien président français. Conscient des défis qui l’attendent, le chef d’Etat ivoirien s’est dit d’attaque sur les plans sécuritaire, économique, humanitaire et institutionnel. Son principal objectif est d’aboutir à une Côte d’Ivoire unie et à forte croissance, afin de tourner les pages sombres.
La période électorale a été marquée par des violences qui ont fait 85 morts et un demi-millier de blessés entre août et novembre. Des négociations pour décrisper la situation sont en cours entre le pouvoir et l’opposition qui ne reconnait pas toujours la réélection du président Ouattara. Certains dirigeants de l’opposition sont encore incarcérés, comme son porte-parole Pascal Affi N’Guessan.
Après s’être désolidarisé de l’appel à la « désobéissance civile », lancé par le reste de l’opposition, KKB a récolté 1,99% des voix. Les membres de l’opposition soutiennent qu’il était à la solde du pouvoir et servirait de « faire valoir » démocratique au président Alassane Ouattara. Pour ses détracteurs, c’est justement le poste de ministre qui faisait courir KKB. Pour plusieurs observateurs, son premier grand défi sera de pouvoir établir un dialogue avec Henri Bédié et aider à rétablir un dialogue direct entre Bédié et Ouattara au poids mort depuis la mi-novembre.