Pékin prend les grands moyens contre le nouveau coronavirus qui a commencé à se répandre dans le reste du monde, mettant de facto en quarantaine à compter de jeudi 23 Janvier 2020 la métropole de Wuhan, au cœur de l’épidémie.
Depuis 10H00 locales (2H00 GMT), plus aucun train ni avion ne doit en principe quitter la cité de 11 millions d’habitants située en plein centre de la Chine. La ville des bords du Yangtsé est au coeur de l’épidémie qui depuis décembre a contaminé plus de 500 personnes et fait 17 morts, selon un dernier bilan communiqué mercredi soir. Toutes les personnes décédées ont succombé à Wuhan ou dans sa région.
« Les habitants ne doivent pas quitter Wuhan sans raison spécifique », a annoncé le Quartier général chargé de la lutte contre l’épidémie au niveau municipal. Cette décision est prise afin « d’enrayer efficacement la propagation du virus », a-t-il expliqué, alors que la Chine s’apprête à entrer vendredi dans son long congé du Nouvel an, qui occasionne chaque année des centaines de millions de voyages.
La décision ayant été annoncée pendant la nuit, les habitants de Wuhan n’ont pas pu planifier un éventuel départ. En début de matinée, il restait possible de quitter la ville en voiture, selon un reporter du site internet d’information The Paper.
Mesures exceptionnelles
Aux sorties autoroutières de la ville, des policiers stoppaient certains véhicules afin de prendre la température corporelle des occupants, selon cette source. Des queues se formaient devant certaines stations-service, tandis que beaucoup d’autres étaient à court de carburant. Il était encore possible de gagner la ville par le train ou en avion, même si de nombreux vols étaient supprimés. Mais à l’intérieur même de Wuhan, les transports publics étaient à l’arrêt et les festivités du Nouvel An ont été annulées.
La mairie a aussi imposé le port du masque respiratoire, que la plupart des habitants avaient de toute façon commencé à arborer depuis le début de la semaine. Le branle-bas de combat a commencé lorsqu’un scientifique chinois a admis que la transmission du virus pouvait se faire d’humain à humain et pas seulement de l’animal à l’homme. Le président Xi Jinping a donné le signal de la mobilisation lundi en appelant à enrayer résolument l’épidémie, qui jusque-là ne faisait pas les grands titres des journaux. A Pékin comme à Shanghai, le port du masque était de mise dans les endroits publics, comme le métro.
L’OMS en sapeur-pompier
A Genève, le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a salué les mesures très, très fortes prises par la Chine, estimant qu’elles allaient diminuer les risques de propagation hors de ses frontières. Elles sont intervenues au moment où l’OMS avait réuni son comité d’urgence pour décider si le nouveau virus constituait une « urgence de santé publique de portée internationale ». Les experts n’étant pas parvenus à se mettre d’accord sur la question, le directeur de l’OMS a décidé de poursuivre la réunion jeudi à partir d’11H00 GMT.
L’OMS n’a jusqu’ici utilisé le terme d’urgence internationale que pour de rares cas d’épidémies requérant une réaction mondiale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola, qui a ravagé une partie de l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016 et la RDC depuis 2018.
A Washington, un porte-parole du Département d’État a souligné les « signes encourageants qui montrent que le gouvernement chinois a compris la gravité de ce problème ». Le virus de la famille du Sras a gagné plusieurs pays d’Asie et même les Etats-Unis, où quelques cas ont été recensés. Les contrôles de température corporelle se sont généralisés dans plusieurs aéroports d’Asie, du pourtour du Pacifique ainsi qu’au Royaume-Uni, au Nigeria et en Italie.
Que sait-on de son origine ?
Des ventes illégales d’animaux sauvages avaient lieu dans ce marché, a reconnu le Centre national de contrôle et de prévention des maladies, sans pouvoir dire avec certitude si du gibier était à l’origine de l’épidémie.
La souche incriminée est un nouveau type de coronavirus, une famille comptant un grand nombre de virus. Ils peuvent provoquer des maladies bénignes chez l’homme (comme un rhume) mais aussi d’autres plus graves comme le Sras. L’OMS avait à l’époque du Sras, en 2002-2003, vivement critiqué Pékin pour avoir tardé à donner l’alerte et tenté de dissimuler l’ampleur de l’épidémie.