Les rumeurs sur la mort du dirigeant nord-coréen Kim-Jong-Un se sont multipliées ce weekend. Sa sœur cadette Kim-Yo-Jong pourrait lui succéder s’il ne s’en sort.
Kim Jong-un, qui règne sur la Corée du Nord d’une main de fer, est-il mort ? Impossible à dire, compte tenu du manque d’informations en provenance de la dictature la plus fermée du monde. Mais les rumeurs vont bon train. Selon certains médias chinois, le dirigeant nord-coréen serait décédé. Côté japonais, le magazine « Shukan Gendai » déclare, lui, le leader nord-coréen dans un état végétatif, avec aucune chance de survie à terme, après une chirurgie cardiaque qui aurait mal tourné. Selon Reuters, au contraire, le train du président Jong-Un a été repéré durant la semaine à Wonsan, une station balnéaire de l’est de la Corée du Nord, lieu de villégiature de la famille Kim.
Quant au Sud-coréens, Kim Jong-un est « vivant et en bonne santé », comme l’a indiqué lundi le conseiller spécial à la sécurité nationale du président sud-coréen Moon Jae-in à la chaîne de télévision américaine CNN.
Qui est Kim-Yo-Jong?
Selon plusieurs rapports et spécialistes, Kim Yo-jong aurait été promue à une position politique importante en décembre 2019, un poste équivalent à celui de vice-président. Le fait qu’elle succéderait à Kim Jong-un à sa mort aurait été à ce moment-là officialisé. « Kim Yo-jong a été officiellement nommé héritière en décembre 2019 par le comité central du Parti des travailleurs », a annoncé il y a quelques jours le quotidien japonais « Yomiuri ». Il faut savoir que les deux enfants de Kim Jong-un sont par ailleurs beaucoup trop jeunes pour régner et son frère, Kim Jong-chol ne serait pas intéressé.
A la manœuvre des communications de son frère
Dans l’ombre, c’est elle qui orchestrerait les plans de communication de son frère depuis plusieurs années. En 2011, elle est nommée par Kim Jong-un au département de la communication étatique. La jeune femme, qui incarne une nouvelle génération de cadres du régime, s’attache alors à bâtir l’image de Kim Jong-un dans l’ombre, puisque les médias d’Etat ne la citeront pour la première fois qu’en 2014, en marge d’un scrutin pour renouveler le Parlement.
Fin 2014, signe d’une confiance absolue, Kim Jong-un la nomme vice-directrice de la propagande du régime. Dans le culte de la personnalité qu’elle forge autour de son aîné, elle s’attache à montrer un chef d’Etat bienveillant, accessible, à l’image de leur grand-père Kim Il-sung, fondateur du pays.
Discrétion
A l’inverse de son frère, elle ne souhaite pas prendre la lumière. L’une des premières images de Kim Yo-jong date du début de l’année 2012. Les Nord-Coréens la découvrent à la télévision d’Etat, en pleurs lors des funérailles de son père. Elle a alors autour de 23 ans, sa date de naissance exacte étant inconnue. Depuis, elle apparaît plus fréquemment lors des cérémonies. Elle avait par exemple accompagné son frère lors de la rencontre entre les deux Corées au moment des jeux Olympiques de 2018.
Extrêmement travailleuse
La carrière de Kim Yo-jong est fulgurante. Le fait d’être la sœur du « chef suprême » de la Corée du Nord facilite sans doute les choses. Il n’empêche : à chaque étape de sa carrière, elle a donné satisfaction à Kim Jong-un, que l’on sait pourtant versatile et qui aurait déjà fait assassiner des membres de sa famille. Après des études en Suisse, cette diplômée en informatique qui parle plusieurs langues a grimpé les échelons jusqu’à sa nomination, en octobre 2017, au bureau politique du Parti des travailleurs de Corée.
Lien familial
Les informations sur sa vie privée sont largement invérifiables. D’après le « Guardian », elle aurait épousé début 2015 le fils du vice-président du Parti des travailleurs, Chloe Ryong-hae, lui-même récemment promu à la puissante commission militaire du Parti, et serait mère d’une petite fille. Selon les sources, elle serait née entre 1987 et 1989. Elle est issue comme Kim Jong-un de l’union entre le précédent dictateur Kim Jong-il et sa troisième épouse, une danseuse nommée Ko Yong-hui, qui a également fait l’objet d’un culte de la personnalité.
Influence internationale
Outre sa présence lors de la rencontre historique entre les deux Corées au moment des jeux Olympiques, elle aurait joué selon les spécialistes de la Corée du Nord, un rôle prépondérant dans le rapprochement entre Donald Trump et Kim Jong-un après l’escalade diplomatique au sujet de l’arme nucléaire. En mars 2020, elle avait félicité publiquement Donald Trump d’avoir envoyé à Kim Jong-un une lettre dans laquelle il espérait garder de bonnes relations bilatérales et proposait de l’aide pour faire face à la pandémie de coronavirus.
Education européenne
Comme son frère, qui est passé par plusieurs établissements avec un nom d’emprunt, Kim Yo-jong a étudié en toute discrétion et sous haute protection dans une école privée de Berne, en Suisse, avant de revenir en Corée du Nord à la fin des années 2000. Elle parlerait couramment anglais et français.