Prévues les 19 et 20 mars 2020 à Niamey, les célébrations du cinquantième anniversaire de l’Organisation internationale de la Francophonie sont reportées.
Pour ses 50 ans, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) présidée par la Rwandaise Louise Mushikiwabo, et regroupant 88 Etats et gouvernements, dont 27 observateurs, s’était donnée rendez-vous à Niamey au Niger. Plusieurs activités étaient prévues pendant les deux jours de célébration, notamment une course à pied dans les rues de la capitale nigérienne et l’inauguration d’une « Place de la Francophonie » en présence de chefs d’Etat et de gouvernement. Mais en raison de la flambée actuelle de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) qui a été signalée pour la première fois à Wuhan, en Chine, le 31 décembre 2019, les pays ayant le français en partage devront patienter pour célébrer la diversité culturelle et linguistique, la paix, la démocratie, les droits de l’Homme, l’éducation et la protection de l’environnement. Une situation qui a fait réagir Louise Mushikiwabo.
Louise Mushikiwabo face à la flambée du COVID-19
La secrétaire générale de l’OIF, trouve que le monde manque de solidarité. « Il y a des aspects de la vie moderne avec ces frontières qui sont pratiquement ouvertes, qui demandent qu’on se tienne la main dans des moments comme celui que nous vivons aujourd’hui avec le coronavirus, mais aussi sur des questions de sécurité, de terrorisme, de migration ou de climat », a expliqué Louise Mushikiwabo, le 14 mars dernier face à la presse. Reconnaissant la solidarité comme son ADN, elle assure que l’OIF va trouver le moyen de s’intéresser à ce qui se passe à travers le monde. « Dans des moments comme ça, rien que le soutien moral fait du bien », rassure-t-elle. Au nom de la solidarité, l’OIF envisage apporter un soutien à ses Etats membres. Un soutien dont la forme reste à déterminer puisque l’organisation ne fait pas dans le domaine de la santé.
Alors que la pandémie due au coronavirus commence à toucher l’Afrique, à priori le continent le plus fragile, l’ex-ministre des Affaires étrangères du Rwanda formule un vœu : « j’espère que pour une fois l’Afrique ne va pas être sérieusement frappée par cette pandémie ». Mais au rythme où se répand la contagion avec le mode de vie actuel, les voyages, le commerce, il est presque impossible de limiter la contagion. Depuis quelques temps, nombres de pays sur le continent africain enregistrent des confirmations de cas. Si pour le moment ils sont importés, les risques de contagions à l’intérieur des pays sont à craindre. « J’ai vu que beaucoup de pays africains sont préparés. Peut-être faudra-t-il quand même voir comment apporter de l’aide ici et là et échanger sur les bonnes pratiques qui aident à se protéger », envisage-t-elle.
Consciente que le COVID-19 pourrait en Afrique se propager rapidement du fait de la fragilité des infrastructures sanitaires, celle qui depuis 14 mois travaille à moderniser l’idée de francophonie dans un monde qui en a un peu oublié les valeurs, se fonde sur des expériences solides pour envisager l’avenir avec optimisme. « Il est vrai que les systèmes sanitaires ont beaucoup de lacunes. En même temps j’ai suivi la crise Ebola et je crois que ces dernières années, il y a eu une préparation à faire face à ce genre de virus. Il y a eu ces dernières années un énorme élan de solidarité aussi qui est parti de l’Union africaine, du secteur privé aussi car des hommes et des femmes d’affaires africains se sont impliqués avec leurs ressources financières ; des volontaires sont allés dans plusieurs pays touchés par Ebola. Même si beaucoup de pays vont avoir beaucoup de difficultés, c’est une préparation et les réflexes sont là », déclare-t-elle confiante.
« Il faudrait qu’on soit tous sages, qu’on se calme un peu parce que cela nous permet de mieux réfléchir et surtout d’interagir ; ce dont on aura besoin. Dans des périodes comme ça, la panique est une réaction normale, mais au niveau des structures nationales, étatiques il faudrait qu’on se calme, et que partout on suive de manière scrupuleuse les consignes des professionnels de santé, les mesures proposées par les scientifiques et les médecins. Qu’on soit ou non dans un pays déjà infecté », lance-t-elle au monde de la francophonie en guise d’exhortation.