Le président comorien Azali Assoumani qui revient d’un sommet des bailleurs de fonds dans la capitale francaise sous la houlette de la Banque Mondiale, n’a pas manqué de faire le point sur les dossiers épineux et priorités de son pays.
La Conférence des partenaires au développement des Comores qui s’est tenue le 2 et 3 décembre à Paris, a réussi à mobiliser 4,2 milliards d’euros pour financer de grands projets, et soutenir l’économie de l’archipel pour la prochaine décennie.
Les dirigeants comoriens sont arrivés à Paris avec un programme de développement à présenter aux bailleurs institutionnels et privé. Il s’articule autour de trois secteurs économiques : l’énergie, les transports terrestres, maritimes et aériens ainsi que le tourisme. L’archipel veut par exemple se doter d’un réseau routier moderne de 1 000 kms d’ici 2030.
À noter aussi des investissements nécessaires dans l’agriculture et dans le numérique, afin de moderniser l’économie de l’archipel. Ce programme a été élaboré avec la volonté que les manquements du passé ne soient qu’un mauvais souvenir.
Un défi que les impacts des changements climatiques ne font qu’aggraver. En témoignent les dégâts matériels importants causés par le cyclone Kenneth qui a frappé les Comores en avril dernier. Mais cette quête de financements ne convainc pas tous les Comoriens, dont 25% vivent à l’étrange, principalement en France.
En effet, les Comores constituent ce que les diplomates appellent pudiquement une « économie vulnérable » avec 760 000 habitants répartis dans un archipel qui n’a jamais pu assurer son développement. Des retards dans tous les domaines, énergie, santé, éducation, un revenu par habitant très faible, un tiers des enfants souffrant de malnutrition, selon une statistique datant de 2012.
Le pays exporte peu, essentiellement des produits agricoles : girofle, vanille et ylang-ylang. Sans l’aide budgétaire de ses partenaires et les transferts d’argent de l’immense diaspora, Moroni serait en quasi-faillite permanente. À cela s’ajoutent, une administration pléthorique et inefficace, ainsi qu’un climat des affaires délétère en raison de la corruption.
Toutefois, le président Assoumani Azali souhaite changer les choses. Après avoir rétabli la couverture en électricité, en 2016 le pays était plongé dans le noir, il a fait élaborer à l’aide du PNUD et de la Banque mondiale un ensemble de grands chantiers, destinés à faire de l’Union des Comores un pays émergent en une décennie. Reste que les dirigeants comoriens sont conscients des difficultés. Le ministre de l’Économie promet d’œuvrer à améliorer le climat des affaires et l’attractivité du pays. En la matière, il se dit à l’écoute des investisseurs et n’exclut pas notamment la création de zone franche.
Interrogé par nos confrères de Radio France International, Azali Assoumani argue à propos de la conférence: « C’est un bilan positif. Lorsqu’on a atteint les objectifs à 100%, on ne peut pas rêver mieux. Maintenant, c’est moi parce que je suis là jusqu’à 2024, c’est moi qui dois concrétiser ça, continuer les projets qui vont être mis en place ».
Sur la question de Mayotte en rapport avec l’immigration : « Il ne faut pas confondre. Cette coopération entre la France et les Comores date depuis l’indépendance malgré ce contentieux. Il ne faut venir aujourd’hui comparer les 150 millions d’euros par rapport au problème de Mayotte. Cela n’a rien à voir. Donc là, on a mis en place un comité pour la question de Mayotte. Ce contentieux malheureux qui dure depuis 45 ans pour essayer de trouver une solution. Moi, je dis que Mayotte est comorienne. Et ce n’est pas que moi qui le dis. Il n’y a pas un Comorien qui ne va pas répéter : « Mayotte aux Comoriens ». Et le droit international le reconnaît. Les Français disent que Mayotte est française. Maintenant, cette relation entre nous et la France, elle est historique, et il y a aussi les 400 000 Comoriens qui sont en France. Donc, c’est une relation qui doit être fructifiée, qui doit être apaisée parce qu’on a tout à gagner ».
Alors que Moroni est menacé par Paris de voir ses compatriotes expulsés de Mayotte, le Chef d’Etat comorien est positif quant aux issues à venir, en comparaison avec les iles Eparses de Madagascar. Si rien n’est fait, ce n’est pas moins de 25.000 personnes qui pourront être expulsées de Mayotte. De nombreuses nationalités s’y trouvent et cela reste une équation difficile. Le président Azali n’exclut pas la possibilité de faire appel aux amis de la France pour la médiation et d’autres Etats tels que les Etats-Unis, le Sénégal entre autres.