Au Tchad, le Conseil national de transition (CNT), le parlement provisoire désigné par les militaires au pouvoir depuis la mort d’Idriss Déby en avril, a été installé le mardi 5 octobre. Sans grande surprise, c’est Haroun Kabadi, président de l’Assemblée nationale dissoute, en a été désigné président. Haroun Kabadi, 73 ans, s’est donc installé au perchoir et a annoncé comment son institution compte accompagner la transition : « Notre objectif n’est pas de nous opposer systématiquement au gouvernement, mais plutôt de créer un climat d’apaisement afin au sortir de cette transition que nous puissions organiser des élections transparentes et jeter les bases institutionnelles d’un Tchad post-transition. » Parmi les premiers dossiers du CNT, le budget de l’exercice 2021.
Des documents estimant ce budget à près de 9 milliards de F ont fuité dans la presse locale le 14 octobre. Les salaires des conseillers y sont détaillés mais aussi l’achat de matériels informatiques et de véhicules. Un budget jugé faramineux pour bon nombre d’internautes. Certains pointent particulièrement du doigt les dépenses de photocopieurs à plus de 18 millions de F l’unité, d’ordinateurs à 1,5 million de F la pièce, ou encore des véhicules qui oscillent entre 25 millions de F et 85 millions l’unité. Tout cela pour les trois derniers mois de l’année.
Le président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), Saleh Kebzabo s’est joint au concert de dénonciations. « C’est une véritable entreprise de pillage à ciel ouvert qui se met en place au CNT », a-t-il tweeté. L’ancien député se demande si la défunte Assemblée nationale a emporté tous les matériels roulants et bureaux au point que le CNT doive tout racheter. « Un vrai scandale d’Etat en cours », a-t-il conclu.
A l’hémicycle, beaucoup ne remettent pas les documents révélés par la presse en cause. Ils précisent cependant qu’il s’agit d’un projet et que pour être validés, ces documents doivent passer entre les mains du président du bureau, Haroun Kabadi, et d’une commission avant d’être votés en plénière. « Ce sont des tracts » pour Mahamat Kana Badi, l’ancien vice-président du groupe parlementaire du Mouvement patriotique du salut (MPS) et actuel questeur. Il affirme que ces annexes ne sont pas visées et n’ont donc aucune valeur. La question du budget, dit-il, est à peine en discussion. Pas suffisant pour calmer l’opinion publique.