Plus connu sous le surnom de Wattao, l’ancien chef de corps de la garde républicaine ivoirienne et figure emblématique de l’ex-rébellion ivoirienne des Forces nouvelles de 2002 à 2011, est décédé le 5 janvier aux États-Unis à l’âge de 53 ans des suites de maladie.
Né en 1967 dans une famille pauvre de Bouna à l’extrême Nord-Est du pays, le petit Issiaka Ouattara quitte l’école en classe de 5e. Il s’engage à 18 ans dans l’armée où un encadreur de judo japonais, incapable de prononcer correctement son nom, Ouattara, l’appellera « Wattao ». Le surnom lui restera. À la fin des années 1990, Wattao est dans la garde rapprochée du général putschiste Robert Gueï. C’est à cette époque qu’il rencontre Guillaume Soro dont il restera proche. Mais qui était ce chef militaire terrassé par un diabète tardivement détecté, dont la dernière apparition publique date du 12 décembre 2019, après qu’il a été convoqué par le général Vagondo Diomandé, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, pour évoquer avec lui des informations faisant état de son implication dans une supposée tentative de déstabilisation de l’État ?
Un militaire controversé
Soldat envoyé en Centrafrique, Wattao se fait remarquer à son retour lorsqu’il participe à une mutinerie pour réclamer les primes et arriérés de salaires non payés. Au lendemain du coup d’État, Robert Gueï, qui le soupçonne ensuite de complot contre lui, le fait arrêter et torturer durant deux mois au camp militaire d’Akouédo. Wattao parvient à s’évader et s’exiler au Burkina. C’est à cette époque qu’il rencontre Guillaume Soro, leader de syndicat d’étudiants. Deux ans plus tard arrive au pouvoir Laurent Gbagbo, qui ne fait pas confiance aux hommes de Wattao. Ce dernier s’exile alors au Burkina Faso, d’où sera créée la rébellion. De retour à Bouaké, il y dirige le bataillon Anaconda, puis deviendra chef d’état-major adjoint des forces armées des Forces nouvelles. C’est de cette région qu’il mènera, en 2011, en pleine crise postélectorale, l’une des offensives sur Abidjan. Le 11 avril 2011 à l’hôtel du Golf, c’est Issiaka Ouattara qu’on voit enfiler une chemise à Laurent Gbagbo devant les caméras de la télévision ivoirienne pro-Ouattara.
Ancien emblématique commandant de zone (Com’Zone), il fut nommé par le régime d’Alassane Ouattara à un poste clé.
Dans l’armée régulière
Wattao occupa d’abord le poste de commandant en second de la garde républicaine, chargé notamment d’assurer la sécurité du président de la République. De nombreux analystes ont vu dans cette nomination l’influence de Guillaume Soro, alors Premier ministre du président Alassane Outtara. Puis, en 2013, Issiaka Ouattara est nommé commandant adjoint du Centre de coordination des opérations décisionnelles (CCDO), une force mixte de près de 800 hommes chargée de sécuriser Abidjan. Un an plus tard, il est débarqué et envoyé à l’Académie royale militaire de Meknès, au Maroc. Beaucoup le croyaient alors fini, mis au placard, mais loin de là, Issaka Ouattara avait opéré un lent retour sur le devant de la scène et, malgré sa maladie, il avait été promu colonel-major le 18 décembre 2019. Politique, artistes, anonymes, ils sont nombreux à lui rendre hommage. Très ému, le chef de l’État Alassane Ouattara a fait observer une minute de silence à l’occasion de la présentation des vœux aux forces de sécurité, au palais présidentiel ce 6 janvier. « Ce matin, j’ai eu son épouse. Malheureusement, toutes les dispositions prises par les médecins américains n’ont pas été suffisantes pour le préserver, donc vous pouvez imaginer ma tristesse, car Wattao était un jeune frère », a déclaré le président ivoirien, qui a lui-même affirmé que des obsèques officielles seront organisées en Côte d’Ivoire.
Avant d’être évacué à New York aux Etats-Unis, Wattao quittait plus sa résidence, située à Marcory zone 4, dans le sud d’Abidjan.