L’opposant et sénateur Gustavo Petro est devenu le 19 juin 2022 le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, l’emportant sur son adversaire indépendant Rodolfo Hernandez. Gustavo Petro, 62 ans, a recueilli 50,49 % des voix, contre 47,25 % à son concurrent, selon les résultats officiels du second tour de la présidentielle, portant sur 99,7 % des bulletins dépouillés. La participation s’élève à 58 %, la plus haute depuis le début du siècle.
« Aujourd’hui (le 19 juin 2022, NDLR) est un jour de fête pour le peuple. Laissez-le célébrer la première victoire populaire », a écrit sur Twitter le président élu, ex-guérillero et ancien maire de Bogota. « Le gouvernement qui entrera en fonction le 7 août sera celui de la vie, de la paix, de la justice sociale et de la justice environnementale », a détaillé le prochain président colombien, au côté de sa famille, de ses proches et de sa colistière Francia Marquez.
Avec la victoire de Gustavo Petro, une afro-descendante devient pour la première fois vice-présidente du pays : la charismatique Francia Marquez, 40 ans, modeste villageoise devenue activiste écologiste, et qui a joué un grand rôle dans la campagne comme colistière du candidat. Mère célibataire à 16 ans, cette ancienne femme de ménage est originaire d’un petit village défavorisé du sud-ouest de la Colombie.
Elle porte aujourd’hui les espoirs des oubliés de la politique colombienne : « Après 214 ans, nous avons obtenu un gouvernement du peuple, un gouvernement du peuple aux mains calleuses, un gouvernement de gens ordinaires, un gouvernement de ceux et celles qui ne sont rien. »
Cette élection présidentielle a consacré la profonde soif de changement des Colombiens, et balaie les élites conservatrices et libérales au pouvoir depuis deux siècles dans la quatrième puissance économique d’Amérique Latine. Gustavo Petro porte la voix « progressiste » et sociale en faveur « de la vie » et contre la pauvreté. Il a promis de lutter contre les inégalités, notamment en rendant les études universitaires gratuites et en réformant les régimes des retraites.
Certaines de ses propositions, comme l’interdiction de nouveaux projets pétroliers, ont inquiété les investisseurs, en dépit de garanties que les contrats actuels seraient respectés. Déjà candidat à la présidence à deux reprises dans le passé, Gustavo Petro vient confirmer, avec sa victoire, l’émergence des dirigeants progressistes ces dernières années en Amérique latine.