Affaibli politiquement, le président congolais voudrait se démarquer par une politique économique volontariste et diversifiée.
La première passation de pouvoir légale de l’histoire du pays a ouvert la voie à la première participation, en personne, d’un chef de l‘État congolais à un sommet de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). La septième édition du TICAD dont les objectifs étaient entre autres l’accélération, la transformation économique et l’amélioration de l’environnement des entreprises et des institutions grâce à l’investissement privé et à l’innovation, en particulier au profit des start-up, n’a pas été boudée par le président Félix Tshisekedi.
Le 24 janvier lors de son investiture, il annonçait déjà les couleurs de sa politique économique : « la simplification des procédures administratives dans les secteurs clés de la vie nationale, pour favoriser le climat des affaires, le développement du tourisme, la libre circulation des biens et des personnes et l’accessibilité du citoyen à tous les services de l’État ». L’opportunité de la TICAD 7, tenue à Yokohama du 28 au 30 août 2019, aura été décisive pour la politique économique qu’entend mener Félix Tshisekedi.
En marge des réunions bilatérales avec ses homologues, il a rencontré les milieux d’affaires, en particulier les grandes entreprises présentes au forum Japon-Afrique organisé par le gouvernement japonais.
« Le Japon a laissé de bons souvenirs au Congo. Je pense au pont Maréchal, je pense à l’avenue des poids lourds… qui sont des ouvrages qui sont restés intacts pendant des années. Et ça continue. Le nombre de chefs d’entreprise – et non des moindres – que j’ai reçus prouve l’intérêt manifeste que le Japon attache pour mon pays et j’en suis fier […] Il y a beaucoup de choses à apprendre au niveau expérience, au niveau des flux financiers et de la croissance de l’activité économique. C’est dans ce sens que je voudrais inscrire les entreprises congolaises », a confié le président congolais Félix Tshisekedi.
Afin d’arriver à accélérer le développement du continent par les affaires, l’Organisation japonaise du Commerce extérieur (JETRO) se propose d’accompagner les entreprises africaines à structurer leurs projets dans les standards de Tokyo. Une balle que Félix Tshisekedi compte saisir au bond.
Priorité aux infrastructures
Les infrastructures constituent l’une des priorités de Félix Tshisekedi. Il a lancé plusieurs chantiers dans le cadre d’un ambitieux programme d’urgence visant la réhabilitation et la modernisation des infrastructures de base du pays afin de consolider l’intégration économique.
L’Agence congolaise de promotion des investissements (ANAPI) à Kinshasa demande à Tokyo d’accompagner la RDC sur la question des infrastructures. « Aujourd’hui avec le Japon, on n’a plus accès à certains fonds sous des conditions concessionnelles. Nous espérons que nous pourrons y arriver. Ce que nous attendons c’est que nous puissions avoir un regard sur la question de l’électricité. Je parle de Inga ; je parle du Grand Inga par exemple. Nous attendons une participation d’eux sur la question des infrastructures. Quand les Japonais se mettent à faire quelque chose, il y a du sérieux, il y a une longévité et il y a une assurance que le produit est assez bien fait », souligne Anthony Nkinzo Kamole, patron de l’ANAPI.
Recherche médicale efficace dans la lutte contre Ebola
Pr Jean-Jacques Muyembe-Tamfum, directeur général de l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) et professeur à la faculté de médecine de l’Université de Kinshasa pour le prix de la catégorie « recherche médicale », a reçu le prix Hideyo Noguchi en marge du TICAD7. Par cette distinction, l’engagement du Japon sur les questions de sécurité humaine et singulièrement en matière de recherche sur Ebola est visible à l’Institut de recherche biomédicale de Kinshasa.
« Il y a toute une équipe du Japon qui est arrivée pour pouvoir préparer les autres provinces qui sont attenantes aux provinces qui sont touchées pour le moment : donc les préparer à faire face si jamais l’épidémie venait dans ces provinces, notamment la province de la Tshopo », expliquait alors le professeur Jean-Jacques Muyembe pour décrire la contribution japonaise au plan de guerre contre la propagation du virus Ebola en RDC.