À Bangui l’ancien président, toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour « crimes contre l’humanité et incitation au génocide », a pris part le 21 décembre à un meeting de son parti politique.
« Depuis hier, François Bozizé se trouve bel et bien dans la capitale centrafricaine. Ce ne sont pas de simples rumeurs, c’est une vérité. Dans les jours à venir, François Bozizé prendra la parole pour s’adresser à ses compatriotes », avait déjà annoncé Bertin Béa, le secrétaire général de son parti, Kwa Na Kwa (Convergence nationale, KNK), le 16 décembre dernier. Le secret autour du président déchu en exil depuis 2013, est bien gardé. Si l’on sait qu’il a quitté Kampala en Ouganda par route pour être accueilli par son fils Jean-François Bozizé, l’ex-président a défendu à ses collaborateurs de révéler les points de passage de son convoi afin de pouvoir les utiliser à nouveau au cas où sa sécurité viendrait à être menacée. L’ancien président a demandé la protection des forces de défense nationale et de l’ONU, dans une résidence énigmatique.
Trois jours plus tard, le gouvernement d’abord dubitatif a confirmé la présence de l’ancien président sur le sol centrafricain. Dans un communiqué, Ange-Maxime Kazagui, ministre de la Communication reconnaissait avoir appris la présence de François Bozizé à Bangui, en assurant que le gouvernement, mettra tout en œuvre « pour que l’élan de paix soit consolidé ». Francois Bozizé pourrait avoir orchestré son retour pour se présenter à l’élection présidentielle de décembre 2020. Le code électoral oblige à tous les candidats de se trouver sur le territoire national au moins un an avant le scrutin. Dans cette perspective, l’ancien président a testé sa côte de popularité.
Un meeting organisé à Bangui
François Bozizé est apparu samedi 21 décembre devant ses partisans à Bangui. Plusieurs milliers d’entre eux s’étaient massés sur un terrain du quartier Boeing, dans les faubourgs ouest, pour apercevoir le président parti en 2013 renversé par la Séléka, une coalition de groupes armés rebelles qui s’était emparée de la capitale Bangui. À l’arrière d’un pick-up, il a salué ses supporters en langue sango, mais n’a pas fait de grand discours. Il se serait promis de prendre la parole en public seulement après avoir échangé avec « son frère » le président Faustin Archange Touadéra. « Quand on arrive dans un village, on commence par saluer le chef », explique-t-on autour de l’ex-président. « Il est pour l’apaisement, pour la réconciliation, donc il attend. François Bozizé est patient, comme il est resté patient depuis sept ans », a conclu Bertin Béa. Pas sûr que les nombreuses affaires dans lesquelles l’ancien président est impliqué useront de la même patience.
Des ennuis judiciaires omniprésents
François Bozizé est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé en Centrafrique en 2013 pour « crimes contre l’humanité et incitation au génocide ». L’ancien président est également sous sanctions des Nations unies pour son rôle dans la crise centrafricaine de 2013, marquée par de violents affrontements communautaires entre populations chrétiennes et musulmanes, au cours de laquelle il avait notamment soutenu des milices anti-balaka. En 2016, une circulaire du ministère des transports avait également interdit aux compagnies aériennes d’embarquer l’ex-président à destination de la Centrafrique. Mercredi 11 décembre, le tribunal administratif de Bangui avait rejeté la requête des avocats de François Bozizé, qui demandaient un sursis exécutoire à cette circulaire, afin de permettre le retour de l’ancien président.