C’est un marché en pleine éclosion et particulièrement prometteur pour les pays déjà lancés dans la production de cet « or vert ».
Petit royaume de 2,1 millions d’habitants enclavé au cœur de l’Afrique du Sud, le Lesotho est depuis deux ans le premier pays africain à autoriser la culture du cannabis médical dûment réglementé puisque selon la loi, il ne peut contenir plus de 0,03% de tétrahydrocannabinol, l’agent psychoactif de la plante. Frappé par le chômage et une épidémie de Sida qui touche 23% de la population, la culture du cannabis médical est une véritable opportunité pour le Lesotho selon les autorités locales. La situation géographique, plus de 1400 mètres d’altitude, la stabilité politique et la main d’œuvre bon marché sont des facteurs qui attirent les investisseurs étrangers. L’entreprise internationale Medigrow a investi plus de 17 millions d’euros sur son site situé non loin de la capitale Maseru, et construit actuellement un héliport pour un transport rapide et sécurisé de sa production d’or vert. C’est un investissement en phase avec les objectifs de développement du marché mondial du cannabis médical actuellement estimés à 135 milliards d’euros. Le secteur pourrait atteindre les 248 milliards d’euros en 2028. Si le litre d’huile de cannabis est vendu entre 5000 et 20 000 euros selon l’état du marché, la culture de cette plante exige le payement d’une licence annuelle de 30 000 euros dans les caisses de l’Etat. Une somme considérable pour les agriculteurs locaux, d’où la domination du secteur par des sociétés canadiennes et américaines.
Sur le continent, le Lesotho fait figure de précurseur en devenant le premier à réguler le cannabis à usage médical dès 2017. À présent le Zimbabwe lui emboite le pas en légalisant cette culture. Le Nigéria a aussi le potentiel pour devenir un pays producteur en raison de sa forte dépendance à l’égard des produits pharmaceutiques importés. D’autres pays du continent devraient suivre le mouvement en légalisant la culture de la plante pour un usage médical d’ici à 2023, pour rejoindre un marché lucratif avec des débouchés médicaux et récréatifs.
L’Ouganda, un cas d’école
L’Ouganda et Israël fabriquent du cannabis thérapeutique, ce qui donne une santé de fer à la coopération entre les deux pays. Le géant israélien Together Pharma, producteur et distributeur de cannabis médical a créé une ferme en Ouganda pour en produire. La commercialisation de ses produits à base de cannabis a commencé en début d’année. Les graines de cannabis sont achetées auprès d’une société en Hollande, un pays considéré comme le plus important fournisseur au monde. En Ouganda, le cannabis est illégal mais le gouvernement peut délivrer des permis pour une culture destinée à l’export. En avril dernier un important contrat a été décroché par la société israélienne pour vendre 5 tonnes d’huile de cannabis à une entreprise canadienne. Cet accord pourrait potentiellement apporter des centaines de millions de shilling et pérenniser le travail sur place. L’entreprise envisage créer une ferme en Israël pour se concentrer sur le marché local et, faire la promotion de sa production en Amérique du Nord et en Europe, des régions qui constituent des marchés en développement. Israël est considéré comme un pionnier dans la recherche sur le cannabis thérapeutique. Selon une source gouvernementale, l’activité rapporte entre 285 millions et 1,4 milliards de dollars par an.