La nouvelle loi adoptée le 21 janvier 2020, accorde d’importants avantages matériels à tout président sortant élu au suffrage universel. Le Chef de l’État actuel dame ainsi le pion à ses illustres prédécesseurs sur les futurs privilèges d’après-pouvoir.
L’Assemblée nationale a adopté mardi une loi relative aux droits d’un ancien président de la République élu au suffrage universel. D’après le texte, l’ex-locataire du palais Ntare Rushatsi Cambarantama aura droit à une allocation unique d’1 milliard de francs burundais soit plus de 327 millions de francs CFA (près de 500 000 euros). Sans oublier une villa de haut standing, qui sera construite dans la localité de son choix.
Des émoluments : Qu’es ce qui revient aux anciens Chefs d’État ?
Durant les sept premières années qui suivent la fin de son mandat, l’ex-président bénéficiera des mêmes traitements qu’un vice-président de la République en fonction. Et pour couronner le tout, il aura droit pour le reste de sa vie, à une indemnité égale aux émoluments d’un député.
Mais pas tous les anciens présidents, précise la loi adoptée par 98 voix pour et 2 voix contre. Il s’agit du président élu au suffrage universel. Privilège dont Nkurunziza est jusqu’ici le seul bénéficiaire, contrairement à ces prédécesseurs comme Sylvestre Ntibantunganya (1994-1996) et Domitien Ndayizeye (2003-2005) issus des accords de paix d’Arusha en 2000. Sans parler de Pierre Buyoya (1987-1993, 1996-2003), arrivé au pouvoir par coup d‘État qui ne sera pas concerné.
S’il traduit dans les faits sa promesse de ne pas se présenter à la présidentielle de mai prochain, Pierre Nkurunziza, 55 ans dont 15 au pouvoir, est selon ce texte, promis à une retraite présidentielle cossue.
Jeu politique et protection judiciaire
Nkurunziza continuera à bénéficier d’un privilège de juridiction devant la Cour suprême et surtout, il va continuer de bénéficier des mêmes dispositions spéciales qui protègent l’honneur, la dignité et l’intégrité physique du chef de l’État en exercice, et qui prévoient de lourdes sanctions dans ces cas-là. Ainsi qu’un système de sécurité approprié.
Toutefois, certains opposants accusent Nkurunziza de vouloir assurer ses arrières. Le parti au pouvoir organise ce dimanche 26 janvier un congrès au cours duquel, il devrait se choisir un nouveau candidat pour la présidentielle du 20 mai prochain. Par ailleurs, ses compagnons de lutte veulent donc mettre en place des mesures qui rassurent Nkurunziza avant cette date. C’est ainsi que le calendrier parlementaire a été accéléré. Le Sénat va se pencher à son tour sur ce projet de loi demain jeudi, deux jours à peine après l’assemblée par exemple.
Enfin, Nkurunziza a déjà été élevé au rang de Visionnaire éternel de son parti, le Conseil des ministres vient d’adopter ce mercredi 22 janvier 2020, un projet de loi qui l’élève au rang de Visionnaire du patriotisme, un titre qui n’existait pas jusqu’ici au Burundi.