Selon une note verbale du ministère des Affaires étrangères, adressée au Bureau africain de l’institution, le représentant de l’Organisation mondiale de la Santé au Burundi et trois experts, avaient jusqu’au 14 mai 2020 pour quitter le pays.
Dr Walter Kazadi Mulombo, représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Burundi, Pr Tarzi Daniel, Dr Ruhana Mirindi Bisimwa, et Dr Jean-Pierre Mulunda Nkata, tous experts, « doivent quitter le territoire du Burundi avant le 15 mai 2020 », selon une note verbale du ministère des Affaires étrangères datée du 12 mai 2020.
Ces expulsions ont lieu quelques jours avant les élections présidentielle, législatives et communales du 20 mai. Depuis le début de la campagne, les réunions politiques ont lieu normalement et attirent d’immenses foules, sans que de réelles mesures sanitaires soient mises en place. Les sifflements des sonnettes d’alarme des responsables de l’OMS ont fini par agacer les autorités burundaises qui les accusent « d’ingérence inacceptable ».
Il y a un mois, le ministère burundais des Affaires étrangères avait déjà engagé la même procédure contre les quatre fonctionnaires. Mais il avait suspendu cette décision après des échanges entre le chef de l’Etat Pierre Nkurunziza et le directeur général de l’OMS, selon des sources diplomatiques et administratives.
Le COVID-19 pomme de discorde
Pour la présidentielle Evariste Ndayishimiye, candidat du parti au pouvoir et son challenger de l’opposition, Agathon Rwasa sont au coude-à-coude. Pour le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Pierre-Claver Kazihise, la campagne électorale en cours depuis le 27 avril et qui s’achève le 17 mai prochain connaît une accalmie, après une première semaine ponctuée d’actes de violences.
« Aujourd’hui, le constat est que la situation s’est quelque peu améliorée, notamment sur le plan de la communication. En effet, le discours politique de campagne semble mesuré, et dans ce cadre, nous appelons à ce que cela continue ainsi afin de parvenir à un apaisement complet au sein de toutes les couches de la population », a précisé le président de la CENI. Aucune allusion faite à la pandémie en cours qui paralyse partout ailleurs la vie publique.
Les responsables de l’OMS sont victimes de leurs appels constants à la prudence et l’application des mesures barrières. Ils accusent le gouvernement burundais de cacher des cas de COVID-19 pour minimiser leurs alertes. Le pays n’a pour l’heure officiellement recensé que 27 cas positifs de COVID-19, dont un décès. Des statistiques pas assez claires aux yeux des experts de l’OMS.
Une ingérence inacceptable
Le gouvernement burundais, qui estime que le pays est protégé du Covid-19 par la « Grâce divine », a décidé de la fermeture de ses frontières, mais n’a pris aucune mesure de confinement, contrairement à la plupart des autres pays de la région.
Avec la décision du ministère des Affaires étrangères vise « toute l’équipe de l’OMS chargée d’appuyer le Burundi dans sa riposte contre le COVID-19. Ils sont expulsés alors que le ministre de la Santé a exclu totalement l’OMS de celle-ci en l’accusant d’ingérence inacceptable dans sa gestion du coronavirus », confie un responsable burundais, sous couvert d’anonymat.