La version corrigée de la figure en pied représentant le père de la révolution burkinabè a été dévoilée, le 17 mai 2020, à Ouagadougou.
Aujourd’hui sur le site de son assassinat, intervenu le 15 octobre 1987, se hisse la statue de Thomas Sankara. Le mythe créé il y a 33 ans par le commando chargé de la sale besogne, continue d’être une source d’inspiration pour plusieurs générations de Burkinabès et d’Africains en général. La posture triomphante de la statue de Thomas Sankara plonge tout visiteur dans l’histoire du capitaine qui a dirigé le Burkina Faso du 4 août 1983 au 15 octobre 1987, arraché à la révolution qu’il pilotait brillamment, à seulement 37 ans.
En mars 2019, le comité international Mémorial Thomas Sankara avait dévoilé une première statue géante du père de la révolution burkinabè. Très vite, cette version essuya de vives critiques. Au pays des « hommes intègres », plusieurs voix se sont élevées pour dire que la statue ne ressemblait pas à leur icône. Les initiateurs du projet avaient alors ramené l’œuvre en atelier pour révision.
Dimanche 17 mai, la statue revue a été dévoilée à la satisfaction du grand public. Six ministres de la République étaient présents à la cérémonie pour apporter leur soutien au comité international du Mémorial Thomas Sankara. « Cela va être difficile de dire que l’on peut reproduire Thomas Sankara à 100%, mais ce qui est là représente Thomas Sankara et c’est cela l’essentiel. Le gouvernement est fortement mobilisé derrière ce projet afin que l’on arrive à un mémorial digne de ce nom », a déclaré ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Pour le sculpteur Jean-Luc Bambara, c’est le manque de temps et la technique utilisée qui avaient rendu difficile son travail : « ce qui n’a pas marché la première fois, c’est le délai. Ensuite, il y a eu les conditions climatiques. Et la cire perdue est une matière qui fond dans une ambiance un peu chaude. Alors 45 degrés, ça fond, si bien qu’au coulage quelques parties de la ceinture ont dû tourner ».
Sankara, l’homme intègre
Plusieurs coups d’Etat s’enchaînent en Haute-Volta, appellation ancienne du Burkina Faso, au début des années 1980. Thomas Sankara, très apprécié dans les cercles militaires, est promu secrétaire d’Etat à l’information en 1981, poste duquel il démissionna avec fracas en s’écriant : « Malheur à ceux qui veulent bâillonner le peuple ». Puis il devient Premier ministre en janvier 1983. Le 4 août, avec son ami Blaise Compaoré mais aussi Henri Zongo et Jean-Baptiste Lingani, ils prennent le pouvoir et Thomas Sankara est nommé président du Conseil national de la révolution (CNR), faisant alors de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités.
Dès sa prise de pouvoir le 4 août 1983, Thomas Sankara fait de la bonne gouvernance l’un des piliers de sa révolution. Avec l’autorité d’un capitaine, il impose l’exemplarité autour de lui. « Par cette intégrité que personne ne lui contestait et parce qu’il a réduit de manière significative le train de vie de l’Etat, les Burkinabès ont adhéré à sa vision », analyse Serge Bayala, membre du Balai citoyen, un mouvement populaire burkinabè issu de la société civile. En s’investissant totalement dans sa mission et en vivant simplement, Thomas Sankara a montré l’exemple. Les Burkinabès ont consenti à faire des efforts parce qu’ils savaient que leurs impôts ne finiraient pas dans la poche d’un ministre corrompu ou celle d’une multinationale étrangère.