Deux avocats commis d’office de la défense ont demandé le report du procès d’un mois « au nom de la manifestation de la vérité », arguant avoir eu trop peu de temps pour étudier « les 20 000 pièces du dossier ». Le président du tribunal militaire de Ouagadougou, Urbain Méda, a accepté leur requête, mais a suspendu les débats pour seulement deux semaines. C’est le premier acte du procès chargé de faire la lumière sur les événements du 15 octobre 1987 et déterminer notamment la chaîne de responsabilités.
Dans le dossier de l’instruction, plus d’une soixantaine de témoins ont été entendus. Ils pourront être appelés à la barre. Les accusés devront aussi s’expliquer, ils sont quatorze. Douze seront présents. En revanche, Blaise Compaoré, l’ancien président du Burkina, et Hyacinthe Kafando, soupçonné d’avoir mené le commando fatal à Thomas Sankara, seront jugés par contumace. Le premier, réfugié en Côte d’Ivoire, a refusé de se présenter devant la justice. Quant au deuxième, il a disparu depuis 2015.
« C’est un procès que tout le monde attend. Pas seulement nous les familles, le peuple burkinabè, l’Afrique entière attend cette vérité. Ils ont une chance inouïe de pouvoir venir pour une fois assumer et faire face à leurs responsabilités. On espère malgré tout qu’on aura la vérité », a confié Aïda Kiemdé, fille de Frédéric Kiemdé, le conseiller juridique de Thomas Sankara, également mort à ses côtés. « Nous voulons savoir qui a pris la décision, qui a commis l’acte, qui l’a soutenu et pourquoi », a résumé Céline Bamouni, la fille de Paulin Bamouni, le directeur de la presse présidentielle de Thomas Sankara, également tué à ses côtés.
« C’est un jour de vérité pour moi, ma famille et tous les Burkinabè », a déclaré dans la matinée la veuve de Thomas Sankara, Mariam, présente à l’ouverture de ce procès. Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1983, Thomas Sankara a été tué avec douze de ses compagnons par un commando lors d’une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Il avait 37 ans.