L’ex-tout-puissant directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba a été placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville pour détournement de fonds publics et blanchiment.
« Celui qui déconne, il sera sèchement écarté. Et à ceux qui ne sont pas contents, on leur dira : celui qui boude, il bouge », scandait Brice Laccruche Alihanga pendant sa tournée estivale de cette année. Mais depuis le 7 novembre 2019, c’est lui-même qui semble souffrir de la bougeotte. Depuis cette date en effet, il a quitté le directoire du cabinet du président de la République du Gabon pour le ministère en charge du Suivi de la Stratégie des Investissements humains et des Objectifs de Développement durable, pour finalement échouer au « gros bouquet ». Les portes de la prison centrale de Libreville se sont refermées derrière Brice Laccruche Alihanga le 13 décembre 2019, après un séjour en détention préventive depuis le 3 décembre. Le dernier acte du haletant feuilleton de la chute de Brice Laccruche Alihanga (BLA) s’est joué aux pas de course. C’est menotté que BLA a quitté les bureaux du juge d’instruction spécialisé de Libreville pour rejoindre le véhicule devant le conduire à la prison pour un placement sous mandat de dépôt pour « détournement de fonds publics et blanchiment », a affirmé Me Anges Kevin Nzigou, qui par ailleurs dénonce une «affaire politique».
BLA l’étoile filante
« C’est dans le besoin que l’on reconnaît ses vrais amis », enseigne un proverbe français. Mais depuis sa descente aux enfers, une rumeur locale portée par ses amis d’hier dénie toute origine africaine donc gabonaise à BLA. Selon sa biographie, il a suivi toute sa scolarité à Libreville, avant d’entrer dans le privé. Il s’engage en politique relativement tard, devenant l’un des responsables les plus actifs de la jeunesse soutenant le candidat Ali Bongo Ondimba lors de la présidentielle de 2016. Après la victoire de son favori, il est remarqué par la famille Bongo. BLA est nommé par le chef de l’État, en août 2017, directeur de cabinet de la présidence.
Le poste devient crucial en octobre 2018. Le président est considérablement affaibli par un accident vasculaire cérébral et disparaît de longs mois. En convalescence au Maroc, il s’affiche en public à de très rares occasions. L’occasion fit le larron. En quelques mois, BLA plaça ses proches à des postes clefs, en évinçant plusieurs caciques du régime.
Pendant l’été 2019, BLA se lança dans une tonitruante « tournée républicaine ». Présenté comme le « messager intime » du président Ali Bongo Ondimba, il harangue les foules, pose en costume local, instruments traditionnels à la main en compagnie de Noureddin Bongo Valentin. Une partie de la presse et de l’élite dirigeante se déchaîne contre lui, lui prêtant des ambitions présidentielles. « Professionnellement, il a toujours été très investi, c’est quelqu’un de très brillant », révèle un de ses amis ayant requis l’anonymat, et qui plus loin nuance : « sa grande faiblesse, dans tout son parcours, c’est d’avoir toujours été quelqu’un de pressé, dans les affaires comme en politique ». Du fond de sa cellule du pénitencier communément appelé « sans famille », BLA méditera les paroles du proverbe français qui pense que : « tout vient à point à celui qui sait attendre » ou encore : « une hirondelle ne fait pas le printemps ». Pendant ce temps, les Gabonais se demandent toujours comment ce fidèle des fidèles, dont on leur ventait tous les mérites et qui avait en grande partie mis fin aux attaques de certains activistes contre son chef, se retrouve actuellement incarcéré à la prison centrale de Libreville.