Contestant le résultat de l’élection présidentielle du 30 octobre 2022, entre le 7 et le 8 janvier, des dizaines de bus, convoyant plus 4 000 personnes, ont convergé face au quartier général de l’armée, où campaient depuis des semaines des centaines de militants d’extrême droite. Une marche de 8 kilomètres à travers la capitale, point d’orgue des manifestations, était alors prévue pour le 8 janvier. Objectif : la place des trois-pouvoirs. Et le jour-dit, ce qui était annoncé arriva.
Le 8 janvier 2023, les principales institutions démocratiques du pays ont été prises d’assaut, envahies et vandalisées par des foules de manifestants pro-Bolsonaro. Un traumatisme, et un défi sans précédent pour la jeune République. Tout l’après-midi, des manifestants en furie s’en sont pris aux édifices de la place des trois pouvoirs : des œuvres de l’architecte Oscar Niemeyer, symbole de la démocratie et du génie moderniste brésilien. Le Congrès, et ses coupoles de béton, le cube de verre de la Cour suprême et le parallélépipède de marbre du palais présidentiel, lieu de travail du chef de l’État, orné d’une longue rampe opaline. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et le président américain Joe Biden tancent successivement les émeutiers. « Je condamne l’atteinte à la démocratie et au transfert pacifique du pouvoir au Brésil. Les institutions démocratiques du Brésil ont tout notre soutien », affirme le président américain sur Twitter.
Plus de quatre heures après le début des émeutes, la police militaire de Brasilia gagne du terrain et retire un à un les manifestants des lieux de pouvoir. Elle utilise tout son arsenal : véhicules blindés, chevaux, gaz lacrymogènes et bombes assourdissantes, tirés depuis les hélicoptères. De premiers putschistes en maillot de foot, la tête basse et les mains dans le dos, redescendent la rampe du Planalto, escortés par les forces de l’ordre. Au total, plus de 1 800 arrestations.
« Les putschistes qui ont promu la destruction des propriétés publiques à Brasilia sont en train d’être identifiés et seront punis. Nous reprenons le travail au palais de Planalto. Démocratie toujours », a tweeté le chef d’État, Lula da Silva. Il a reproché aux forces de sécurité de la capitale, qui répondent au gouverneur de Brasilia, Ibaneis Rocha, ancien allié de Jair Bolsonaro, de n’avoir rien fait pour empêcher la progression des émeutiers. Suite aux failles sécuritaires ayant permis aux pro-Bolsonaro d’envahir les bâtiments officiels, la Cour suprême brésilienne a suspendu le gouverneur de ses fonctions, pour une durée de 90 jours.
Jair Bolsonaro, lui, se trouve aux États-Unis, où il est parti deux jours avant l’investiture de Lula, se refusant à remettre l’écharpe présidentielle à celui qui l’a défait d’une courte tête à la présidentielle d’octobre. Dans une série de tweets, il a condamné sans fermeté « les déprédations et invasions de bâtiments publics ». Mais il a aussi « rejeté les accusations, sans preuve » de son successeur, selon qui il aurait encouragé les violences.