Dans une correspondance du 9 septembre adressée au ministre des Finances, le directeur-pays de la Banque mondiale annonçait l’annulation de six projets.
Le projet de transformation de l’agriculture en Afrique et du Centre (ECAAT), celui de gestion environnementale du lac Victoria (LIVEMP III), le projet de transport sur le lac Tanganyika, le projet régional de gestion environnementale du lac Tanganyika, le projet d’intégration régionale accélérée de la communauté est-africaine ainsi que celui de développement hydroélectrique de Ruzizi III, sont les projets burundais frappés d’annulation de financement par la Banque mondiale (BM). A la lumière de la correspondance de Jean-Christophe Carret, seul le projet de facilitation du commerce dans la région des Grands-lacs est maintenu pour le Burundi. L’annulation de 25 projets régionaux encore à l’étude « n’affecte pas uniquement le Burundi, mais elle concerne l’ensemble des pays concernés », explique la BM. Elle répond à une révision de sa stratégie d’intervention en Afrique décidée depuis six mois. L’objectif est de se concentrer sur un petit nombre de projets régionaux « plus costauds, mais mieux financés ».
L’impact de cette annulation
La fuite de cette correspondance sur l’annulation des projets de la BM a semé un vent de panique dans le pays. Les détracteurs du régime burundais s’en sont tout de suite saisis et se sont réjouis d’une mesure qui sanctionne à leurs yeux « un régime dictatorial ». Le camp du pouvoir a vite fait de croire que la BM avait décidé d’emboîter le pas aux anciens partenaires du Burundi tels que les Etats-Unis, la Belgique, l’Union européenne, qui ont pris la décision de geler l’aide directe au gouvernement depuis 2015.
Mais la BM s’est voulue rassurante en confirmant que : « que son portefeuille de 683 millions de dollars américains est toujours en vigueur ». Elle demeure ainsi le principal donateur du pays de Pierre Nkurunziza. Pour Désiré Musharitse, porte-parole du ministère des Finances, la décision est liée à une nouvelle approche des nouvelles autorités de la Banque mondiale et du leadership des chefs d’États africains pour matérialiser la mise en œuvre du nouveau marché commun. « La décision d’annuler certains projets régionaux exécutés au Burundi est consensuelle entre la Banque mondiale et les gouvernements africains », a-t-il indiqué.
Une reprise économique certaine
Après deux années consécutives de récession en 2015 (-3.9 %) et 2016 (-0.6 %), l’économie du deuxième pays le plus peuplé d’Afrique se redresse lentement. La reprise économique s’est accélérée en 2018, avec une croissance de 1,6 % contre 0,5 % en 2017. Toutefois, cette reprise reste fragile, compte tenu des nombreux défis du Burundi, notamment un manque de ressources budgétaires pour financer les investissements publics, une pénurie persistante de devises avec la baisse des réserves internationales et la vulnérabilité du secteur financier. Après avoir grimpé à 16,1 % en 2017, l’inflation a fortement baissé pour atteindre -2.6 % en 2018 grâce à une bonne récolte agricole qui a poussé les prix des denrées alimentaires à la baisse. Les dernières estimations tablent sur une croissance de 1,8 % en 2019. Sans ambage, Désiré Musharitse assure que la « décision de la Banque mondiale ne produira aucune conséquence sur le pays ».