D’entrée de jeu, il a tenu à rassurer sur son état de santé et exprimer sa gratitude aux autorités des royaumes d’Arabie saoudite et du Maroc pour leur accueil chaleureux et fraternel. « Je vais bien. J’ai même augmenté mon rythme de travail. J’ai hâte d’être de nouveau à 100% de mes capacités », a confié Ali Bongo Ondimba, le président de la République du Gabon, le 16 mars, dans une interview, la première du genre depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) en octobre 2018. Pour prouver son regain de forme, il a levé le voile sur ses priorités. « J’ai la lourde charge de diriger le pays et d’achever certains chantiers. Il reste encore plus de deux ans avant l’élection présidentielle. Je suis concentré sur l’action, sur les réformes à mener. J’ai peu de temps à consacrer à autre chose, a fortiori en cette période de crise sanitaire », a-t-il fait savoir. S’adressant à adversaires politiques, il y est d’abord allé en douceur.
« Quant à mes adversaires, je leur conseillerais plutôt de travailler à formuler des idées, à ce qui préoccupe au quotidien la population, et d’avoir une approche constructive », a-t-il recommandé. Dans la suite, il a durci le ton : « Penser convaincre les Gabonais en se contentant de critiquer et de polémiquer, c’est se fourvoyer complètement ». Il a invité l’opposition dite radicale à opérer une véritable réformation. « La démocratie gabonaise gagnerait à avoir une opposition structurée et constructive, qui ne se contente pas de critiquer sans jamais faire de contre-propositions. La politique n’est pas qu’un jeu de pouvoir. Il faut donc être responsable et savoir faire passer les intérêts de son pays avant tout », a-t-il tranché. Répondant toujours aux critiques de ses adversaires, il n’a pas tari d’éloges à l’endroit de son fils.
« Noureddin, en qui j’ai évidemment toute confiance, est extrêmement compétent. Il m’assiste au quotidien, veille à ce que mes directives soient bien exécutées et en assure le suivi », a témoigné le président Ali Bongo Ondimba. Noureddin Bongo Valentin a été nommé, en décembre 2019, au poste de coordinateur général des affaires présidentielles. Sur la lutte contre la corruption, il a annoncé la poursuite de la croisade qui s’intensifiera. Sur les relations diplomatiques, le locataire du palais Rénovation a apporté quelques clarifications.
Accusé d’être boudé par la France depuis son arrivée au pouvoir en 2009, Ali Bongo reconnaît que sous le mandat de François Hollande, les relations n’ont pas toujours été très fluides. Mais avec Macron, « nous partageons la même volonté d’avoir des relations bilatérales nourries, apaisées et modernisées », a expliqué le président qui, selon ses interlocuteurs, a récupéré sa motricité et l’usage complet de ses membres, notamment de ce côté droit longtemps récalcitrant, bien que sa jambe rechigne encore à lui obéir totalement. Il continue de se déplacer avec une canne et à son rythme, cherchant parfois longuement ses mots, sur des sujets techniques.