Samedi 14 août, pompiers, militaires et volontaires s’activaient encore à éteindre les derniers feux de forêt avivés par une chaleur extrême. « Les équipes de la protection civile œuvrent actuellement à éteindre 29 incendies à travers 13 wilayas (préfectures) », notamment à Tizi Ouzou, Jijel et Bejaïa, en Kabylie, a précisé un communiqué. En vingt-quatre heures, 43 foyers ont été éteints dans 20 préfectures, alors qu’une centaine de feux ont été recensés deux jours auparavant dans tout le pays. En attendant un nouveau bilan officiel, la protection civile et le ministère de la Défense font état de quelque 90 morts depuis le 9 août. Tous les disparus, morts ou vivants, n’ont pas encore été retrouvés, tous les corps n’ont pas encore été identifiés. Pour honorer les victimes, le gouvernement a décrété un deuil national. Le bilan pourrait continuer de s’alourdir puisque dans les villages, certaines familles cherchent leurs proches disparus. Les autorités dénoncent des incendies d’origine « criminelle ».
Le gouvernement continue de pointer du doigt la responsabilité de criminels pyromanes dans la violence des incendies. « Certains incendies ont été causés par les températures élevées mais des mains criminelles sont derrière la plupart d’entre eux », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune. Vingt-deux personnes ont été interpellées dont 11 dans la préfecture de Tizi Ouzou. Sur le terrain, près de 7 500 agents de la protection civile sont déployés, avec 490 fourgons anti-incendie et trois hélicoptères. Cinq hélicoptères lourds MI-26, d’origine russe, ont également été mobilisés par l’armée. La Russie a également proposé de mettre à la disposition de l’Algérie quatre avions bombardiers d’eau. L’armée algérienne compterait acheter huit bombardiers d’eau russes Beriev Be-200. En plus du lourd bilan humain, ces énormes incendies s’accompagnent de nombreux désagréments.
Plusieurs communes de la région de Tizi Ouzou sont sans électricité, ni gaz et téléphone, et de nombreuses pompes à essence sont fermées. Les villageois redoutent aussi le risque de recrudescence des cas de COVID-19, les gestes barrières n’étant pas respectés dans la lutte contre les brasiers. Pays le plus étendu d’Afrique, l’Algérie ne compte que 4,1 millions de hectares de forêts, avec un maigre taux de reboisement de 1,76%. Chaque année, le nord du pays est touché par des feux de forêt. La multiplication des brasiers est associée au réchauffement de la planète. En 2020, près de 44 000 hectares de taillis sont partis en fumée.