« Le chef de l’Etat de l’époque, De Klerk, a joué un rôle essentiel dans notre transition vers la démocratie dans les années 90, qui a pris naissance lors de sa première rencontre en 1989 avec le président Nelson Mandela, qui était alors prisonnier politique. Il a pris la décision courageuse d’abolir les partis politiques, de libérer les prisonniers politiques et d’entamer des négociations avec le mouvement de libération au milieu de fortes pressions contraires de la part de nombreux membres de sa circonscription politique », a témoigné le président Cyril Ramaphosa.
En 1989, au plus fort des sanctions internationales contre l’Afrique du Sud et de la contestation contre le régime raciste à l’intérieur, Frederik de Klerk succède à Pieter Botha. Le 2 février 1990, le chef d’Etat conservateur et apparatchik du Parti national qui a mis en place le système d’apartheid à partir de 1948, déclare contre toute attente au Parlement : « L’heure des négociations est venue ». C’est le début de la fin du régime blanc.
Sentant la nécessité du changement, Frederik de Klerk annonce le 11 février 1990 la libération de Nelson Mandela, leader du Congrès national africain (ANC) en prison depuis 27 ans, et la levée de l’interdiction des partis anti-apartheid. Le pays entre dans la transition démocratique. Après sa défaite aux premières élections multiraciales en 1994, il devient vice-président de Nelson Mandela avec qui il partage en 1993 le prix Nobel pour la sortie réussie de l’apartheid. Il prit sa retraite politique quatre années plus tard.
En 2020, Frederik de Klerk avait déclenché une vive polémique en niant que l’apartheid ait été un crime contre l’humanité, avant de se rétracter et de présenter des excuses. Quelques heures après sa mort, sa fondation a publié une vidéo dans laquelle il s’excuse pour les crimes commis sous l’apartheid. « Je suis souvent accusé par des critiques d’avoir, d’une façon ou d’une autre, continué à justifier l’apartheid ou le système de développement séparé, comme nous avons préféré l’appeler après. Il est vrai que dans ma jeunesse, j’ai défendu le système de développement séparé. Après, à de multiples reprises, j’ai présenté mes excuses aux Sud-Africains pour la douleur et l’indignité que l’apartheid a amené aux personnes de couleur en Afrique du Sud. Beaucoup m’ont cru, mais d’autres non. Alors laissez-moi vous répéter aujourd’hui, dans ce dernier message. Je vous présente mes excuses sans réserve pour la douleur, la souffrance, l’indignité et les dommages que l’apartheid a causés aux Noirs, aux Bruns et aux Indiens en Afrique du Sud », déclare Frederik de Klerk, amaigri, la voix cassée, mais toujours élégant et le regard droit, dans cette vidéo de sept minutes.