Pour le président rwandais Paul Kagamé, les sanctions prises contre l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid devraient être temporairement renouvelées suite aux violences xénophobes récemment enregistrées dans le pays de Nelson Mandela.
Ils relèvent désormais d’un passé révolu, les clichés du 2 décembre 2018, affichant côte-à-côte Cyril Ramaphosa et Paul Kagamé. À Johannesburg cette nuit là, les deux hommes d’État assistaient au grand concert de célébration du centenaire de la naissance de Nelson Mandela, héros de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Pour la circonstance l’américaine Beyoncé, qui émerveilla le public avec son titre XO, était accompagnée de Jay-Z, Pharrell Williams et Usher.
Des célébrités venues de loin pour rendre hommage à Nelson Mandela libéré le 11 février 1990 après 27 ans de détention, avec en prime la légalisation de son parti politique, le Congrès national africain (ANC). Un parti qui, 4 ans plus tard, a remporté les premières élections multiraciales propulsant son charismatique leader à la présidence de la nation arc-en-ciel.
Le grand gâchis
L’Afrique du Sud a triomphé de l’apartheid. Elle se bat aujourd’hui pour résorber les inégalités, la pauvreté, le chômage et terrasser la criminalité. Les héritiers politiques de Nelson Mandela font face à la dure réalité de l’exercice du pouvoir dans un pays vivant de plain-pied la démocratie. Les ghettos constituent de véritables volcans dormants pouvant reprendre de l’activité à tout moment pour révéler aux yeux du monde, la face cachée de la gestion catastrophique du fabuleux héritage de Nelson Mandela.
Dans la nuit du 3 septembre 2019, le twonship d’Alexandra à Johannesburg, quartier où vivent près de 200 000 personnes sur 7 kilomètres, est le théâtre d’affrontements entre sud-africains et étrangers. Les premiers accusent les seconds de prendre leur travail et d’être responsables de tous les trafics. Ces violences xénophobes ont suscité une levée de boucliers de pays africains qui, le Nigéria en premier, ont mal digéré cette poussée de fièvre contre les étrangers. Après l’apartheid, l’Afrique du Sud est devenue une terre xénophobe.
Aux grands maux, de grands remèdes
La communication du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, sur ces violences contre d’autres africains a été condamnée avec la dernière énergie par son homologue rwandais Paul Kagamé. Lors d’une sortie face à la presse, le 15 septembre, Paul Kagamé a vanté l’hospitalité africaine pratiquée dans son pays. Ce jour là, il annonçait l’accueil sur son territoire d’Africains bloqués en Lybie. Il a saisi cette opportunité pour tancer vertement le dirigeant sud-africain : « lorsque j’entends mon homologue Ramaphosa déclarer que le bilan de ces récentes attaques est de 10 morts dont 1 seul étranger, je me dis qu’il faudrait une mise à l’écart temporaire de la République Sud-africaine de toutes les instances de l’Union Africaine et des autres organisations sous régionales, afin qu’elle comprenne que l’Afrique est appelée à être unie et indivisible face aux enjeux de la mondialisation ».
La mondialisation en Afrique
Le terme mondialisation rend compte d’une interdépendance entre cinq processus : la globalisation financière, l’organisation mondiale de la production, la libre circulation des marchandises, les migrations et mouvements de population, et l’instantanéité de l’information. Il renvoie aussi à un processus d’homogénéisation du monde fécondé, grâce à l’ouverture des frontières, par la libre circulation du capital et par la mise en place d’une économie de marché. À la fois réelle et imaginaire, la mondialisation a favorisé l’émergence de certaines zones, et engendré les frustrations des périphéries prises dans des ghettos.
La structuration des sociétés africaines et les rapports de pouvoir internes se sont historiquement largement réalisés en relation avec l’extérieur.