Depuis dimanche, c’est la panique et sauve-qui-peut à Kaboul. Lundi 16 août, l’Afghanistan s’est réveillé aux mains des talibans après l’effondrement des forces gouvernementales et la fuite à l’étranger du président Ashraf Ghani, qui a reconnu leur victoire au terme d’une guerre de près de vingt ans. « Les talibans ont gagné », a reconnu dimanche soir le président, qui se trouverait désormais au Tadjikistan voisin, tandis que les insurgés célébraient une victoire militaire aussi rapide que totale en investissant le palais présidentiel à Kaboul.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le mollah Abdul Ghani Baradar, cofondateur des talibans, a salué la victoire du mouvement islamiste. « A présent, c’est le moment d’évaluer et de prouver. A présent, nous devons montrer que nous pouvons servir notre nation et assurer la sécurité et le confort dans la vie », a-t-il déclaré. L’entrée redoutée des combattants a provoqué un vent de panique dans la capitale afghane, où des milliers d’habitants s’efforçaient de fuir, s’agglutinant notamment à l’aéroport où des scènes de chaos ont été rapportées.
Le drapeau américain a été retiré tôt lundi de l’ambassade des Etats-Unis à Kaboul et « mis en sécurité avec le personnel de l’ambassade » regroupé à l’aéroport dans l’attente d’une évacuation, ont annoncé depuis Washington le département d’Etat et le Pentagone. « Nous pouvons confirmer que l’évacuation en toute sécurité de tout le personnel de l’ambassade est maintenant terminée », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du département d’Etat Ned Price. Le périmètre de l’aéroport est « sécurisé par l’armée américaine », a-t-il ajouté. « Au cours des prochaines 48 heures, nous aurons étendu notre présence de sécurité à près de 6 000 militaires avec une mission centrée uniquement sur la facilitation de ces efforts et qui prendra en charge le contrôle aérien », précise-t-il.
Depuis hier, de milliers de citoyens américains qui résidaient en Afghanistan, les employés locaux de la mission américaine à Kaboul et leurs familles, ainsi que d’autres Afghans particulièrement vulnérables sont transférés hors du pays. De nombreux autres diplomates et ressortissants étrangers ont également été évacués à la hâte de Kaboul. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est tenu hier pour débattre de la situation en Afghanistan. La débâcle est totale pour les forces de sécurité afghanes, pourtant financées pendant vingt ans à coups de centaines de milliards de dollars par les Etats-Unis. En dix jours, le mouvement islamiste radical, qui avait déclenché une offensive en mai à la faveur du début du retrait des troupes étrangères, notamment américaines, a pris le contrôle de quasiment tout l’Afghanistan.