Abdoulaye Maïga, le Premier ministre malien, n’a épargné personne lorsqu’est venu le moment pour lui de prendre la parole à la tribune de la 77e Assemblée générale de l’ONU. Il a aimablement rappelé à Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, qu’il n’était pas un « chef d’État ». Il a qualifié le président nigérien, Mohamed Bazoum, « d’étranger qui se réclame du Niger », et n’a pas mâché ses mots face au président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, qui préside la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Ses attaques les plus dures ont visé la France, avec une formule répétée trois fois sous les applaudissements de sa délégation : « Les autorités françaises, profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles, ont trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des Lumières et se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme. » La France « soutient et arme les terroristes », a-t-il clamé, disant disposer de preuves pour le Conseil de sécurité. Une « junte française » qui « instrumentalise » des droits de l’Homme pourtant « respectés » au Mali.
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a aussi eu droit à ses cinq minutes et une moquerie sur les troisièmes mandats. Sur l’affaire des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali, rien de nouveau. Les autorités de Bamako « ne s’ingèrent pas dans les affaires judiciaires », a juré Abdoulaye Maïga : « Les récentes synchronisations des actions et l’organisation des éléments de langage, consistant à faire passer le Mali, mon pays, du statut de victime à celui de coupable dans cette affaire des mercenaires, sont évidemment sans effet. » Des élections libres en 2024, pour un Mali « libéré des forces obscurantistes et destructrices du monde », est l’engagement pris par le Premier ministre Abdoulaye Maïga.