Achevé au petit matin du mardi 11 février, le rendez-vous des chefs d’État et de gouvernement à Addis-Abeba a évoqué entre autres sujets : le libre-échange, autonomie financière, lutte contre le terrorisme, crise en Libye, imbroglio bissau-guinéen, Sahara occidental.
Le pays de Paul Biya est élu au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) pour un mandat de deux ans. Une grande victoire diplomatique à mettre à l’actif du numéro 1 camerounais, mendiant de la paix, pour avoir hissé son pays au rang des nations qui se distinguent par : la contribution à la promotion et au maintien de la paix et de la sécurité en Afrique ; la participation aux efforts de règlement des conflits, de rétablissement et de consolidation de la paix aux niveaux régional et continental ; la volonté et la capacité à assumer des responsabilités dans le cadre d’initiatives régionales et continentales de règlement des conflits ; la contribution au Fonds pour la paix et/ou à un fonds spécial ; le respect de la gouvernance constitutionnelle, de l’état de droit et des droits de l’homme ; et l’engagement à honorer les obligations financières vis-à-vis de l’UA.
Autre victoire éclatante de la diplomatie agissante du président Paul Biya, Madame Marie Louise Abomo, candidate du Cameroun, a été élue pour un mandat de six ans, à un poste de commissaire à la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Magistrate hors hiérarchie, actuelle présidente de la section pénale à la Cour Suprême, Marie Louise Abomo entame une nouvelle expérience internationale. La délégation officielle du Cameroun à Addis-Abeba en Ethiopie était conduite par Lejeune Mbella Mbella, ministre des Relations extérieures. Les travaux de la salle Nelson Mandela au siège de l’UA, ont abouti à plusieurs autres conclusions.
Les points à retenir
L’Afrique du Sud de Cyril Ramaphosa dirige désormais l’organisation continentale pour un an, à la suite du mandat de Abdel Fattah al-Sissi d’Egypte. L’année 2020 est également la dernière du mandat de l’actuelle commission présidée par le Tchadien Moussa Faki Mahamat. L’Algérie, par la voix de son président Abdelmadjid Tebboune, a annoncé son grand retour en Afrique et particulièrement en Afrique du Nord et au Sahel.
2020 a été proclamée l’année de « faire taire les armes sur le continent». Sur la méthode pour réussir cette prouesse dans un continent aux prises avec des phénomènes prégnants tels que le terrorisme, les conflits intercommunautaires, les crises pré et post électorales ou encore les différends entre Etats, le président de la Commission de l’UA a plaidé pour des actions concrètes sur tous ces sujets et leurs causes profondes, en se donnant les moyens politiques, militaires et diplomatiques.
« Nous allons concentrer notre travail sur la résolution des conflits », a déclaré Cyril Ramaphosa, pour sa première prise de parole. Le président sud-africain a annoncé deux sommets au mois de mai à Pretoria. Le premier sur la sécurité, le second sur la zone de libre-échange continentale. Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a clairement soutenu l’initiative africaine sur la Libye : l’organisation d’un grand forum de réconciliation.
Concernant le dossier du Soudan du Sud, les positions sont restées figées alors que la date butoir du 22 février pour la formation d’un gouvernement d’unité nationale approche à grand pas. Le bloc régional Igad a prévenu : pas question d’un troisième report de cette limite. Il devrait donc voir le jour dans neuf jours à Juba. C’est en tout cas le souhait de l’organisation sous-régionale mais aussi du président Salva Kiir. « Nous mettrons en place ce gouvernement avec ou sans Riek Machar », a affirmé l’ambassadeur sud-soudanais à Addis-Abeba. L’opposant principal, lui, voudrait d’abord régler la principale pomme de discorde : le nombre d’États régionaux et leurs frontières. En jeu : le contrôle du territoire donc des ressources, et la perspective d’élections en mars 2022. « Personne ne nous dira combien d’États doit avoir le Soudan du Sud, nous sommes souverains », a répliqué l’ambassadeur James Morgan. Pour lui le sujet est clos alors que pour le porte-parole du SPLM-IO de Riek Machar, pas du tout.
Plusieurs sources affirment que l’Igad a fait une proposition. Le gouvernement actuel a jusqu’à samedi prochain pour y répondre. À Addis-Abeba, les deux leaders ont vu le président de l’UA, Cyril Ramaphosa. Ils se sont aussi retrouvés face-à-face, en compagnie du président de l’Igad, Adballah Hamdok et de l’Ougandais Yoweri Museveni.