« Il était temps ». A la veille de veille de ses 100 jours à la Maison Blanche, Joe Biden a commencé son discours face au Congrès, le 28 avril, en saluant un moment historique du fait de la présence de deux femmes : la speaker de la Chambre Nancy Pelosi et surtout la vice-présidente Kamala Harris, assises derrière un président, dans le champ des caméras pendant plus d’une heure. Pendant cette période, le 46e président des Etats-Unis a vanté les résultats de ses 100 premiers jours de mandat. De son plan de vaccination au plan de sauvetage de l’économie, Joe Biden s’est surtout posé en défenseur de la classe moyenne. Son gigantesque plan d’investissement dans les infrastructures et l’éducation va permettre de « créer des millions d’emplois » pour tous ceux qui se sont tenus à l’écart, « sans augmentation d’impôts », a promis le président américain.
Le locataire de la Maison Blanche a décliné son « Projet pour les familles américaines », d’un montant total de près de 2 000 milliards de dollars. « Nous travaillons à nouveau. Nous rêvons à nouveau. Nous découvrons à nouveau. Nous sommes à nouveau à la tête du monde entier. Nous nous sommes prouvés les uns aux autres et au monde entier : l’Amérique n’abandonne pas », s’est réjoui Joe Biden. Il a salué le succès de la campagne de vaccination contre la pandémie de COVID-19. « Nous avions promis 100 millions d’injections pour les 100 premiers jours de la présidence, et nous avons dépassé les 200 millions… Il reste encore du travail avant de vaincre ce virus, mais ce qui a été fait est le plus grand exploit logistique que l’on n’ait jamais vu ». Il a ensuite expliqué comment la fin prochaine de la pandémie était une occasion historique d’opérer des changements structurels massifs, préconisant un plan de dépenses publiques massives pour reconstruire l’économie et rivaliser avec des concurrents mondiaux.
Il a souligné l’importance de montrer aux rivaux des Etats-Unis que le système démocratique avait des avantages : « Nous devons prouver que la démocratie fonctionne toujours, que notre gouvernement fonctionne toujours et que nous pouvons répondre aux besoins de notre peuple ». Dans la satisfaction de ces besoins, il a annoncé une école maternelle universelle, et des allocations familiales, affirmant que la croissance économique sera mieux assurée en taxant les plus riches pour aider la classe moyenne et les pauvres. « Le ruissellement des richesses n’a jamais marché, a affirmé Biden, il est temps de favoriser la croissance économique de bas en haut », a-t-il constaté. Le président américain a aussi abordé la question du racisme aux Etats-Unis, et appelé le Congrès à agir. « Nous devons nous rassembler pour rétablir la confiance entre les forces de l’ordre et les personnes qu’elles servent, pour éradiquer le racisme systémique dans notre appareil de justice pénale et pour promulguer une réforme de la police au nom de George Floyd. Nous devons travailler ensemble pour trouver un consensus pour le premier anniversaire de sa mort », a déclaré Joe Biden.
Evoquant le prix des médicaments sur ordonnance, et la nécessité d’un contrôle accru des armes à feu, il s’est voulu clair : « Je n’ai besoin de le dire à personne, mais la violence armée est devenue une épidémie en Amérique. Nous avons besoin que davantage de républicains du Sénat se joignent à la majorité démocrate et fassent lever les obstacles à la vérification des antécédents judiciaires pour les achats d’armes à feu ». Joe Biden a par ailleurs insisté sur la nécessaire modernisation du système d’immigration : « Mettons fin à nos épuisantes querelles sur l’immigration. Pendant plus de 30 ans, les politiciens ont parlé de réforme de l’immigration sans rien faire. Il est temps d’y remédier », a-t-il lancé, sans cependant évoquer la crise migratoire en cours à la frontière mexicaine. Contre toutes attentes, le président démocrate séduit. « Son plus grand succès, c’est que contrairement à Donald Trump, il n’est pas le centre de l’attention. Joe Biden est concentré sur la tâche, sans distraction », estime l’ancien porte-parole du parti républicain Doug Heye.